(Montréal) Les employés qui œuvrent dans les ressources intermédiaires réclament de meilleurs salaires, plaidant que leurs tâches sont aussi exigeantes, voire davantage, que dans les CHSLD.

« En ressources intermédiaires, les préposés n’ont pas toujours le soutien d’une infirmière sur place, alors qu’en CHSLD il y a toujours un infirmier ou infirmière sur l’étage », a souligné Johanne Pratte, directrice générale de l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ).

L’ARIHQ a rendu public, dimanche, un rapport qu’elle a commandé de l’expert Philippe Voyer.

M. Voyer, qui est professeur à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval, a comparé les tâches des différents préposés aux bénéficiaires, dont ceux en ressources intermédiaires (RI) et ceux en centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).

Alors que les préposés en CHSLD s’occupent de patients âgés ou en perte d’autonomie, les employés en RI prennent soin aussi de gens ayant une déficience physique ou intellectuelle, atteints de troubles de santé mentale et de jeunes en difficulté.

Le chercheur conclut que les fonctions qu’accomplissent ces différents préposés sont comparables. Les préposés en RI, dans les résidences pour personnes âgées (RPA) et en soutien à domicile remplissent même une tâche de plus qu’en CHSLD : celle d’administrer les médicaments.

Par conséquent, l’ARIHQ estime que les employés des RI devraient recevoir un salaire égal à ceux en CHSLD. Actuellement, avec la prime temporaire du gouvernement, les préposés en RI gagnent 18 $ l’heure (14 $ en temps normal), alors que le salaire en CHSLD est de 26 $ l’heure.

« Nous ce qu’on dit, c’est à travail égal, salaire égal, a soutenu Mme Pratte. Le travail est le même, il est complexe, la clientèle a des besoins de plus en plus importants. »

Un métier « complexe »

En entrevue, M. Voyer a affirmé que le travail de préposé comportait une complexité, « peu importe le milieu ».

« Ce à quoi le rapport ne répond pas, c’est la notion d’intensité. On n’a pas examiné les ratios, on n’a pas fait d’étude temps-mouvement pour suivre les gens pour voir combien de temps ils passaient auprès de chaque résidant », a expliqué M. Voyer, qui s’est basé sur la littérature existante et des entrevues.

Mais chaque préposé a des défis dans son milieu de travail. « On a fait des entrevues avec des préposés qui étaient en RI avec des jeunes qui ont du spectre de l’autisme, avec beaucoup de troubles de comportement […] C’est très exigeant sur le plan relationnel, sur le plan d’intervention », a-t-il mentionné.

« Mais c’est sûr qu’ils ne donnent pas un bain avec un lève-patient dans un bain thérapeutique. »

La question de la formation

En ce moment, contrairement à d’autres milieux, les préposés en RI n’ont pas besoin d’une formation spécifique pour faire leur travail.

L’ARIHQ croit qu’il devrait y avoir une « base de formation » pour tous les préposés aux bénéficiaires, mais selon elle, il est difficile de l’exiger étant donné le salaire si bas.

« Quand on embauche du personnel, avec un salaire moyen de 14 $ l’heure, c’est très difficile d’exiger une formation. On y arrive à certains endroits, mais c’est très variable », a-t-elle indiqué.

M. Voyer indique que cet enjeu est revenu souvent lors de ses entrevues, du fait que les préposés de tous les milieux ne croyaient pas être assez formés pour accomplir leurs tâches complexes.

« Les gens n’avaient pas d’orgueil, ils disaient avec facilité : “On a un rôle difficile et notre formation n’est pas assez avancée, on a besoin de formation continue” », a-t-il relaté.