Le premier homme guéri du VIH, Timothy Ray Brown, aussi surnommé le « patient de Berlin », est mort mardi d’un cancer, à 54 ans.

« Tim a consacré le travail d’une vie à raconter son histoire sur son traitement contre le VIH et est devenu un ambassadeur de l’espoir », a écrit le conjoint de Timothy Ray Brown, Tim Hoeffgen, sur sa page Facebook.

Quelques jours avant sa mort, M. Hoeffgen avait annoncé que son partenaire était en phase terminale d’une leucémie. Timothy Ray Brown est mort dans sa maison de Palm Springs, en Californie, accompagné de ses proches.

« Timothy ne meurt pas du VIH, que les choses soient claires », a confié Tim Hoeffgen mardi sur le blogue My Fabulous Disease (Ma fabuleuse maladie) du militant et auteur Mark S. King.

« À une autre époque, on aurait dit que Timothy était un miracle », estime le DRéjean Thomas, président et fondateur de la clinique médicale en santé sexuelle L’Actuel.

PHOTO ERIC RISBERG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Timothy Ray Brown est devenu un visage emblématique de la lutte contre le sida.

En 1995, Timothy Ray Brown, alors étudiant à Berlin, apprend qu’il est atteint du VIH. Puis, en 2007, on lui diagnostique une leucémie. Le traitement du cancer de M. Brown nécessitant une greffe de cellules souches, le physicien allemand Gero Hütter propose de choisir un donneur avec une mutation génétique rare, le CCR5 delta 32, résistante au VIH.

« C’était vraiment innovateur. On savait déjà que ce gène existait, mais seulement 0,5 % de la population en est porteur », explique le DThomas.

En 2007 et en 2008, Timothy Ray Brown a reçu deux greffes de moelle osseuse et de cellules souches d’un porteur du CCR5 delta 32, qui ont éliminé le virus du sida et sa leucémie de son organisme. Son cancer a toutefois récidivé l’an passé.

L’héritage de Brown

Pendant son traitement, Timothy Ray Brown a été surnommé le « patient de Berlin », pour préserver son identité. En 2010, il a dévoilé son nom publiquement, devenant une figure de la lutte contre le sida.

« Je suis la preuve vivante qu’il peut y avoir une guérison du sida », avait-il confié à l’AFP en 2012. « C’est magnifique d’être guéri du VIH. »

« Je me souviens, à l’époque, les patients venaient me voir et me parlaient du « patient de Berlin » », raconte le DThomas.

PHOTO BÉNÉDICTE MILLAUD, ARCHIVES LA PRESSE

Même si on a des traitements, même si on a des pré-thérapies qui fonctionnent bien et qui sont simples, c’est la stigmatisation de vivre avec le VIH qui est si pénible. Nos patients veulent guérir.

Le DRéjean Thomas

Réjean Thomas, qui a rencontré plusieurs fois Timothy Ray Brown lors de congrès, le décrit comme un homme « sympathique et timide, toujours dévoué à la lutte contre le sida ».

Mercredi, la Société internationale du sida a exprimé sa « plus grande gratitude » à l’égard de M. Brown et de son médecin. « La communauté scientifique espère qu’un jour nous pourrons honorer son héritage avec une stratégie sûre, rentable et largement accessible pour obtenir une rémission et une guérison du VIH », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Jusqu’à ce jour, une seule autre personne aurait guéri du VIH, grâce à un traitement semblable à celui de M. Brown. Adam Castillejo, aussi appelé le « patient de Londres », a reçu une greffe en 2016 et a été déclaré guéri en mars 2019.

Selon le DRéjean Thomas, d’autres essais ont été menés à travers le monde utilisant le même genre de traitement qu’avait reçu M. Brown, mais peu se sont montrés concluants.