Les 1700 pharmaciens qui travaillent dans les hôpitaux du Québec craignent de perdre leurs primes dès le 30 septembre. Une situation qui pourrait causer des maux de tête dans le réseau alors que la deuxième vague de COVID-19 vient de commencer, plaide leur association.

« Il y a beaucoup d’incertitude actuellement et on aimerait être rassurés », affirme Linda Vaillant, directrice générale de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES).

La vaste majorité des diplômés en pharmacie (80 %) font carrière dans les pharmacies de quartier. Mais une petite fraction d’entre eux poussent leur formation un peu plus loin et obtiennent une maîtrise afin de travailler dans le secteur public. Alors que le réseau de la santé était aux prises avec une grande pénurie de pharmaciens dans ses hôpitaux en 2006, le gouvernement de l’époque avait accepté de verser des primes à ces spécialistes afin de les attirer dans la profession.

Primes nombreuses

Au départ, ces primes étaient versées aux candidats s’établissant en région, où la pénurie était encore plus importante. Puis, au fil des ans, pour diminuer la pénurie qui persistait, d’autres primes se sont ajoutées, notamment pour encadrer les pharmaciens résidents. Une prime a aussi été accordée en 2008 aux pharmaciens d’établissement qui faisaient passer leur semaine de travail de 36 à 40 heures, ce qui a permis d’ajouter l’équivalent de 108 pharmaciens dans le réseau. Aujourd’hui, les primes représentent de 20 % à 50 % de la rémunération des pharmaciens d’établissement, résume Mme Vaillant.

La part [des] primes est énorme dans la rémunération des pharmaciens.

Linda Vaillant, directrice générale de l’APES

Les primes des pharmaciens sont inscrites dans leur entente de travail avec le gouvernement et sont renégociées à chaque renouvellement. La dernière entente est venue à échéance en mars dernier, mais a été prolongée jusqu’au 30 septembre à cause de la pandémie. Alors que cette date approche à grands pas, Mme Vaillant ignore si les primes seront reconduites. Les négociations « n’ont pas commencé encore », note-t-elle.

« Sans réponse »

Ce n’est pas la première fois qu’une menace plane sur le prolongement des primes des pharmaciens d’établissement. La même situation s’était produite en 2015, lors de la négociation de la précédente entente. Et les primes avaient été reconduites.

Pourquoi craindre cette fois-ci qu’elles disparaissent ? « Rien ne me fait croire qu’on ne les aura plus. Mais rien ne me fait croire qu’on les aura non plus. Je suis sans réponse. Sur le terrain, ça a des impacts. On se demande ce qui arrivera si les primes sont suspendues et que plusieurs pharmaciens reviennent à la semaine de 36 heures », illustre Mme Vaillant.

Elle aimerait que les primes soient reconduites au moins jusqu’à la signature de la prochaine entente. « Oui, ce serait étrange que le gouvernement retire les primes maintenant. Mais pourquoi continuer de nous laisser dans l’incertitude, alors ? On est à un seuil d’exaspération assez élevé », indique Mme Vaillant.

Au Conseil du trésor, on indique que comme la question des primes aux pharmaciens « fait partie des discussions et par respect pour les négociations », on ne veut pas donner plus de détails sur la situation pour le moment.