(Montréal) C’est le « défi » de l’heure sur le réseau social TikTok, et il aurait fait au moins une victime jusqu’à présent : celui de prendre suffisamment de Benadryl pour provoquer des hallucinations.

Les urgences des grands centres hospitaliers montréalais ne rapportent pour le moment aucun cas relié à ce dangereux défi lancé à des adolescents, et le Centre antipoison du Québec n’avait pas répondu à une demande de renseignements au moment de publier ce texte.

La presse américaine déplore toutefois le décès d’une adolescente de 15 ans dans la région d’Oklahoma City. Trois autres adolescents du Texas auraient été hospitalisés d’urgence après avoir pris des doses élevées de cet antihistaminique bien connu.

« Le Benadryl n’est pas nécessairement bénin, a prévenu le docteur Dominic Chalut, qui est urgentologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Quand on suit le dosage, pas de problème, ça va bien aller. Mais quand on outrepasse les doses habituelles, c’est là que les problèmes peuvent arriver. »

Une surdose de Benadryl vient dérégler le système nerveux qui assure le bon fonctionnement du corps. Les problèmes peuvent aller de la bouche sèche et de la vision embrouillée à des hallucinations, des convulsions et un rythme cardiaque accéléré.

Qui dit hallucinations dit manque de jugement, poursuit le docteur Chalut, qui se demande si le jeune serait alors en mesure de prendre les bonnes décisions au bon moment. Quant aux convulsions, on imagine facilement les conséquences catastrophiques possibles si elles devaient survenir alors que le jeune est en haut d’un escalier ou au volant.

« Et si les gens sont prédisposés à avoir des troubles cardiaques et qu’ils ne sont pas au courant, ça pourrait prédisposer à certaines arythmies cardiaques », ajoute-t-il.

Les adeptes de ce défi vont jusqu’à proposer en ligne la recette à suivre pour obtenir l’effet désiré, en précisant par exemple combien de comprimés devraient être avalés.

Mais la toxicologie est souvent une question de dosage par poids, précise le docteur Chalut.

« Le poids de certains ados varie beaucoup. Donc pour un comprimé, ça va donner des milligrammes par kilo beaucoup plus élevés chez un petit gabarit que chez un gros gabarit, et l’effet toxique va être différent, a-t-il dit.

« Il y a beaucoup de surchevauchement entre ce qui peut être toxique et ce qui peut être létal. Une même dose peut avoir des effets différents chez la personne X que chez la personne Y. Les effets ne sont pas prévisibles. »

En d’autres termes, il y a donc un risque très réel d’excéder la dose toxique pour atteindre la dose létale.