(Rivière-Héva) La Ville de Malartic et le Syndicat des paramédics de Dessercom (CSN) dénoncent l’inaction du gouvernement caquiste, à la suite du décès, dimanche dernier, d’un homme dans la cinquantaine à Rivière-Héva, une petite municipalité située à une quinzaine de kilomètres de Malartic.

L’entreprise Dessercom, qui a une caserne d’ambulances à Malartic, fonctionne toujours avec des horaires de faction, plutôt qu’avec des horaires à l’heure, comme c’est le cas presque partout ailleurs au Québec.

Dans un système de faction, le paramédic est chez lui et attend les appels.

Par opposition, un horaire à l’heure fonctionne comme une patrouille de police, alors que les paramédics attendent les appels dans leur véhicule.

Selon les données fournies par Dessercom, l’ambulance a quitté la caserne 13 minutes après l’appel logé au 911, et est arrivée sur les lieux 14 minutes plus tard, donc 27 minutes en tout après l’appel.

Il était déjà trop tard. L’homme est décédé d’un arrêt cardio-respiratoire. « J’impute directement ce décès au CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue et au gouvernement Legault, à qui l’on répète depuis des années que les horaires de faction ne fonctionnent pas, a tonné le maire de Malartic, Martin Ferron. On nous considère encore comme des citoyens de seconde zone. C’est inacceptable ! »

Des pressions au CISSS-AT et à Québec

Le conseil municipal de Malartic a adopté mardi soir une résolution en appui au syndicat des paramédics de Dessercom, demandant au Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT) de mettre fin aux horaires de faction et d’adopter des horaires à l’heure dans les plus brefs délais.

« C’est assez le temps des études, c’est le temps de l’action, affirme Martin Ferron, visiblement courroucé par la situation. Ça prend plus de temps obtenir de l’aide pour un appel d’urgence que de se faire livrer une pizza à Malartic ! Ça n’a aucun bon sens ! »

Chez les paramédics, on accuse le CISSS-AT d’utiliser les mauvais chiffres pour étudier le dossier. « Les chiffres qu’ils utilisent sont ceux de 2017, et on était en conflit à l’époque, note le président régional de la CSN, Félix-Antoine Lafleur. Avec ces chiffres, nous ne sommes pas admissibles aux horaires à l’heure. Mais avec ceux de 2019, plus récents, on l’est. On a rencontré François Legault lors de son passage à La Sarre il y a quelques semaines, et il avait promis du changement. Pour l’instant, rien ne bouge. On va donc s’adresser aussi à la députation régionale. »

Le prix d’une vie en Abitibi

Tant Félix-Antoine Lafleur que Martin Ferron se demandent quelle valeur a une vie en Abitibi par rapport aux autres régions du Québec.

« C’est une question d’argent, tranche le président du Syndicat. Les ambulances de Malartic sont les plus occupées dans la région, avec celles d’Amos. Et les deux casernes sont sur des horaires de faction. Pour nous, une vie, ça n’a pas de prix. Mais pour eux, il semble qu’une vie en Abitibi a un prix, et qu’il n’est pas suffisamment élevé pour que les choses changent. »

« Nos pompiers volontaires ont une petite formation pour intervenir dans certains cas, mais c’est surtout en appui aux paramédics, explique Martin Ferron. Depuis cinq ou six ans, les pompiers interviennent une cinquantaine de fois par année à la place des paramédics. C’est illogique. D’ailleurs, les pompiers de Rivière-Héva sont arrivés avant les paramédics le week-end dernier. C’est une situation que nous dénonçons. »

Regardez-vous dans le miroir !

Martin Ferron

Le maire de Malartic croit que les administrateurs de la santé au Québec manquent d’humanisme et oublient que leurs décisions ont des impacts directs sur la population.

« Je demande aux gens du ministère de la Santé et au CISSS-AT : regardez-vous dans le miroir et demandez-vous : accepteriez-vous que votre mère, votre père ou n’importe quelle personne chère de votre famille attende 30 minutes les services d’urgence pour un arrêt cardiaque ? Je suis persuadé que non. »

« L’inaction du CISSS-AT a coûté une vie, se désole pour sa part Félix-Antoine Lafleur. Pourtant, la solution est simple. François Legault et ses ministres doivent agir. » Martin Ferron estime qu’au moins cinq décès à Malartic et Rivière-Héva sont attribuables aux horaires de faction depuis les six ou sept dernières années. « Sans compter ceux dont on n’a pas entendu parler, et les cas où il s’en est fallu de peu », conclut le maire de Malartic.