Des cas ont été identifiés pour la première fois comme ayant été acquis localement dans des régions au nord du Saint-Laurent

Auparavant cantonnée dans le sud du Québec, la maladie de Lyme vient de traverser le fleuve, selon des données récemment rendues publiques par le ministère de la Santé.

Pendant des années, le Saint-Laurent a semblé jouer le rôle d’obstacle naturel à la propagation de la maladie, qui peut s’avérer très grave si elle n’est pas traitée à temps.

Mais la barrière est tombée : en 2019, entre 10 et 30 % des tiques testées dans la région de Québec, à Laval, dans les Laurentides et dans Lanaudière portaient la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Ces insectes en sont le vecteur de transmission.

« Avant, on n’en voyait pas au nord du fleuve et cette année, elles sont définitivement présentes au nord du fleuve », a dit la Dre Geneviève Baron, de la Santé publique de l’Estrie, la région la plus touchée du Québec.

On commençait à en voir en 2018, mais là, elles sont vraiment présentes [au nord du fleuve].

La Dre Geneviève Baron, de la Santé publique de l’Estrie, la région la plus touchée du Québec

« Des cas ont été identifiés pour la première fois comme ayant été acquis localement dans la région de Laval [2 cas] et de la Capitale-Nationale [1 cas] », a ajouté Marie-Claude Lacasse, porte-parole du ministère de la Santé.

« Les tiques concernées sont déjà présentes dans de nombreuses régions, a indiqué le DYves Jalbert, un des lieutenants du DHoracio Arruda à la Direction générale de la santé publique. C’est leur infection par la bactérie responsable de la maladie qui prend de l’expansion. Cette bactérie est transportée par des hôtes intermédiaires comme le chevreuil et les souris à pattes blanches. »

500 nouveaux cas

Le nombre de diagnostics au nord du fleuve est pour l’instant beaucoup plus bas que dans les régions du sud du Québec, épicentre du phénomène.

En Estrie, le nombre de nouvelles infections à la maladie de Lyme a plus que doublé l’an dernier, passant de 88 en 2018 à 226 en 2019. La région de Granby et celle qui regroupe Farnham, Dunham et Lac-Brome sont particulièrement touchées.

Par rapport aux dernières années, « la tique est plus présente dans la région et elle est plus infectée, alors ça contribue à la hausse », a indiqué la Dre Baron, pour expliquer l’augmentation des cas. « Dans notre région, les cliniciens commencent à être assez sensibilisés et on a donc beaucoup de déclarations de maladie précoces, diagnostiquées dans le premier mois de l’infection. […] En ayant des populations plus alertes et des médecins plus sensibilisés, il y a sûrement plus de diagnostics. »

Le DJalbert, de la Santé publique nationale, ne croit pas que le faible nombre de malades sur la rive nord du Saint-Laurent soit lié à une méconnaissance de la maladie. « Il est impossible de conclure à un problème de sous-diagnostic », a-t-il affirmé. La maladie de Lyme est « très connue de la part des cliniciens, et ce, dans toutes les régions ».

Au total, 500 Québécois ont reçu un diagnostic de maladie de Lyme en 2019, contre 304 en 2018. Pour chaque année, environ un quart des malades auraient contracté la maladie en dehors du Québec.

La maladie est en progression constante : il n’y avait que 125 cas dénombrés au Québec en 2014, alors qu’elle était extrêmement rare il y a 10 ou 15 ans. Le réchauffement climatique est montré du doigt pour expliquer sa progression vers le nord.

Un sujet controversé

La maladie de Lyme est une maladie bactérienne transmise par une piqûre de tique, souvent attrapée lors de promenades dans la nature, notamment dans des herbes hautes.

Elle cause souvent une rougeur importante autour du lieu de la piqûre, souvent accompagnée de fièvre et d’épuisement comme un rhume, a expliqué la Dre Baron. À ce stade, elle est encore bénigne et facilement traitable par antibiotiques.

Si elle n’est pas traitée à temps, elle peut prendre une forme « diffuse » à laquelle sont associés des symptômes hétéroclites pouvant être graves, a continué la médecin.

Tout un courant alternatif s’est développé autour de cette forme de la maladie, auquel adhèrent des individus qui s’autodiagnostiquent une maladie de Lyme chronique pour expliquer des problèmes de santé devant lesquels les médecins demeurent impuissants. Alors que les scientifiques ne connaissent pas d’autres formes de transmission de la maladie que la piqûre de tique, plusieurs membres de cette communauté virtuelle croient avoir été infectés autrement, par voie sexuelle, par exemple.

Le ministère de la Santé recommande des façons simples de prévenir une infection à la maladie de Lyme lors d’activités en plein air : « marcher de préférence dans les sentiers » en nature, « rentrer son chandail dans son pantalon et le bas de pantalon dans les chaussettes ou les bottes » et examiner son corps au retour. « Si une tique s’est accrochée à la peau, [il faut] la retirer minutieusement, dès que possible, idéalement dans les 24 heures suivant l’activité », continue le Ministère.