Si les visites non essentielles continuent en général d’être interdites dans les hôpitaux et les centres pour personnes âgées, un léger assouplissement a été annoncé mardi. Par exemple, les personnes qui recevront une mauvaise nouvelle en oncologie pourront de nouveau être accompagnées lors de leur rendez-vous.

En gros, pour avoir droit à la visite d’un proche, un patient hospitalisé doit avoir besoin d’« une aide et un soutien significatifs à la suite de l’épisode de santé aigu (séquelle d’AVC, délirium, besoin de surveillance aux transferts et déplacements, besoin d’aide à l’alimentation) ».

Autrement, les visiteurs ne sont permis « que lorsque le séjour se prolonge au-delà des sept jours d’hospitalisation ».

Les personnes en soins palliatifs dans un CHSLD ne peuvent avoir de visiteur que lorsqu’il y a mort imminente (la veille ou le jour même, par exemple).

Mais dans un hôpital, il en va autrement. Ceux qui sont aussi aux soins palliatifs peuvent voir une personne à la fois, avec un maximum de trois sur une période de 24 heures.

Pour ce qui est des traitements et des rendez-vous en externe, à moins d’avoir un problème cognitif ou physique (ou d’être en pédiatrie), les personnes doivent se présenter seules.

L’une des nouveautés consiste donc en cette possibilité d’être accompagné en oncologie si l’on va recevoir une mauvaise nouvelle. Mais dans la mesure où la mauvaise nouvelle arrive souvent par une prise de sang faite une heure avant le rendez-vous, ça ne sera pas toujours facile à prévoir.

Beaucoup de variation d’un hôpital à l’autre

En fin de semaine, La Presse racontait le cas de cette femme en pleine forme encore au début de mai, qui a appris qu’elle était atteinte de deux cancers fulgurants inopérables et pour lesquels la chimiothérapie était impensable. C’est seule, à l’hôpital, qu’elle a dû affronter ce pronostic, jusqu’à la publication de l’article. Depuis dimanche, son conjoint a finalement été autorisé à lui rendre visite une heure par jour.

Qu’en est-il de tous les autres patients ?

La nouvelle consigne gouvernementale transmise mardi laisse croire que le droit de rendre visite à un proche varie beaucoup d’un hôpital à l’autre.

De fait, est-il écrit, chaque établissement « peut mettre en place une politique de visites et d’accompagnement locale basée sur la situation épidémiologique dans l’installation, ainsi que les spécificités de leur clientèle et de leurs infrastructures ».

Le DBenoit Dubuc, spécialiste en soins palliatifs, ne cache pas qu’il est difficile de s’y retrouver dans les différentes directives.

Dans son établissement, des proches ont obtenu gain de cause en faisant remarquer que la consigne de l’hôpital entrait en contradiction avec la consigne gouvernementale.

Des situations apparemment très semblables peuvent cependant donner lieu à des droits très distincts. Ainsi, illustre le DDubuc, le patient qui souhaite des soins plus actifs aux soins palliatifs malgré son sombre pronostic n’aura pas droit à des visiteurs. Mais son voisin de chambre qui a le même pronostic, mais qui a demandé de ne plus recevoir de soins actifs aura, lui, droit à des visites.

Le DDubuc dit que quand les proches aidants ont pu revenir à l’hôpital, il n’y était pas très chaud, vu le danger.

Si la plus grande prudence s’impose toujours, insiste-t-il, « j’ai changé d’avis. Le retour des visiteurs fait une grande différence. L’état de certains patients mourants s’est amélioré un certain temps à l’arrivée des visiteurs ».