Pendant qu’un premier cas d’infection présumée au COVID-19 a été identifié au Québec, le secrétaire général de l’ONU a averti vendredi que « le plus grand ennemi maintenant n’était pas le virus », mais plutôt « la crainte, les rumeurs et la stigmatisation ». Alors, que faut-il savoir sur la transmission du nouveau coronavirus ? Comment se protéger ? Quels sont les risques pour la santé ? Quelques réponses aux questions les plus fréquemment posées.

Qu’est-ce qu’un coronavirus ?

Les coronavirus (CoV) font partie d’une famille de virus qui se distinguent par leur forme semblable à la couronne solaire. Ils s’attaquent tant aux humains qu’aux animaux. Sept coronavirus s’intéressent aux humains : quatre causent des rhumes ordinaires, et trois engendrent des syndromes respiratoires sévères. Ces derniers sont le SRAS-CoV (qui cause le « syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) » qui s’est répandu en 2002-2003), le MERS-CoV (qui cause le « syndrome respiratoire du Moyen-Orient »), et le 2019-nCoV (qui cause l’infection qu’on a baptisée le COVID-19).

Comment est apparu le nouveau coronavirus qui cause le COVID-19 ?

PHOTO ROSLAN RAHMAN, AFP

Un pangolin, photographié au zoo de Singapour en 2017, en train de se nourrir de termites.

On ne le sait pas encore avec certitude. Les analyses génétiques du virus montrent que son ancêtre viendrait de la chauve-souris. Mais un autre animal aurait servi d’intermédiaire pour contaminer l’humain. Trois pistes ont été évoquées : la civette, le serpent et le pangolin – ce dernier étant considéré comme le principal suspect. La viande de pangolin contaminée aurait ainsi été vendue dans un marché public de la ville de Wuhan, capitale de la province du Hubei, située au centre de la Chine. Le premier cas officiel d’infection au nouveau coronavirus a été déclaré le 8 décembre. Le 24 février, Pékin a d’ailleurs annoncé l’interdiction « complète » du commerce et de la consommation d’animaux sauvages.

Comment se transmet le COVID-19 ?

À la manière de la grippe saisonnière (influenza), la transmission se fait essentiellement par un contact avec une personne infectée par le virus. Lorsque la personne malade éternue ou tousse, elle émet des gouttelettes qui peuvent contaminer les autres lorsqu’elles s’infiltrent par le nez ou la bouche. Il est également possible d’attraper le COVID-19 lorsqu’une personne touche des objets ou des surfaces contaminées par une personne infectée, puis porte ses mains à ses yeux, son nez ou sa bouche. Par ailleurs, rien n’indique en ce moment que le virus peut simplement voyager dans l’air (transmission aérienne) comme pour la varicelle ou la rougeole – il faut un contact rapproché avec une personne infectée pour être à risque de contracter le COVID-19. C’est pourquoi, lorsqu’il s’avère qu’une personne infectée a voyagé en avion, les autorités retraceront seulement les passagers assis dans les trois rangées situées devant et derrière elle plutôt que de contacter tous les passagers de l’avion.

Est-ce que le COVID-19 peut être soigné ?

Comme pour la grippe saisonnière, les personnes atteintes présentent de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires. Certaines développent une pneumonie. La grande majorité des personnes malades se remettent sur pied en se soignant à la maison, sans avoir besoin de visiter l’hôpital. Les personnes à risque de complications doivent être hospitalisées. Pour l’instant, il n’existe ni médicament antiviral pour traiter l’infection ni vaccin pour la prévenir. Mais ce ne sont pas tous les porteurs du coronavirus qui tombent malades : une certaine proportion d’entre eux – difficile à établir pour le moment – ne développent pas de symptômes, les rendant pour le moment invisibles des statistiques officielles. Le taux de mortalité associé au COVID-19, selon l’infectiologue Cécile Tremblay du CHUM, est donc appelé à changer, fort probablement à la baisse, puisqu’on saura mieux avec le temps combien de personnes ont réellement été infectées et combien sont décédées.

Quelles sont les dernières données sur le taux de mortalité du COVID-19 ?

Le nouveau coronavirus s’attaque à tout le monde, enfants comme adultes. Mais comme pour la grippe saisonnière, certaines personnes sont plus à risque de développer des complications qui peuvent rendre l’infection mortelle. Dans une nouvelle étude publiée le 24 février par les autorités sanitaires chinoises, le taux de mortalité associé à une infection au COVID-19 a été établi provisoirement à 2,3 %. C’est donc dire que l’immense majorité (plus de 97 %) des personnes infectées guérissent de la maladie. Ces résultats suggèrent également que les personnes âgées et les personnes qui souffrent déjà de maladies chroniques (comme les maladies respiratoires, les maladies du cœur ou le diabète) sont plus à risque que les autres. Si les dernières données indiquent que le taux de mortalité est de 2,3 % dans la population en général, il est cependant de 8 % chez les 70 à 79 ans et de 14,8 % chez les personnes âgées de plus de 80 ans.

Comment le COVID-19 se compare-t-il au SRAS ?

Selon les dernières données, le COVID-19 est plus contagieux, mais moins mortel que le « syndrome respiratoire aigu sévère » (SRAS), qui avait fait 774 victimes, dont 43 morts, à Toronto en 2003. Le taux de mortalité du SRAS est de 9,6 %, comparé à 2,3 % pour le COVID-19.

Est-ce qu’une personne infectée, mais ne présentant aucun symptôme peut transmettre le COVID-19 ?

Ce n’est pas encore clair. Selon l’OMS, la principale voie de transmission est le fait d’être en contact direct avec les gouttelettes émises par une personne malade. Mais il reste possible, dit l’OMS, qu’une personne présentant des symptômes légers, comme une toux sèche, puisse transmettre le virus.

Quand disposera-t-on d’un vaccin pour se protéger du COVID-19 ?

Grâce à une collaboration mondiale des chercheurs en pharmaceutique et des autorités sanitaires, « on avance beaucoup », remarque l’infectiologue Cécile Tremblay, du CHUM. Un premier vaccin devrait entreprendre ses essais en avril en Chine – il s’agit d’un vaccin développé pour le SRAS qui a été modifié pour le nouveau coronavirus.

En attendant un vaccin, comment peut-on se protéger du COVID-19 ?

De la même façon que pour se protéger de l’influenza ou de la gastro-entérite : en se lavant les mains régulièrement pendant 20 secondes, en évitant de se toucher le visage avec des mains sales, en toussant dans son coude et en évitant les contacts avec les autres si on est soi-même malade, en se tenant à une distance d’au moins un mètre d’une personne qui présente des symptômes comme la toux ou des éternuements.

Le port du masque est-il efficace pour se protéger du COVID-19 ?

Le port d’un masque n’est recommandé que pour les personnes infectées par le COVID-19 ou pour les personnes qui prennent soin d’elles. Celles qui présentent des symptômes du rhume et de la grippe peuvent porter un masque pour éviter de contaminer les autres. Selon les recommandations du gouvernement canadien, les personnes en santé et les personnes qui n’ont pas voyagé dans une région touchée par le COVID-19 (comme la province du Hubei et la Chine continentale) ne devraient pas porter de masque.

Si on souffre de symptômes de la grippe, doit-on demander automatiquement un test du COVID-19 ?

Non, insiste la Dre Cécile Tremblay. À moins d’être allé soi-même – ou d’avoir été en contact rapproché avec quelqu’un qui y est allé – dans une région touchée comme la Chine, l’Italie, l’Iran ou la Corée du Sud, « vous n’avez pas le coronavirus », dit la Dre Tremblay. « Vous pouvez avoir la grippe, l’influenza, mais pas le coronavirus. Si vous avez besoin de passer le test, on va vous l’offrir », dit-elle. La grippe saisonnière, rappelle la Dre Tremblay, est une menace bien plus réelle au Canada. « Depuis le début de la saison de l’influenza, 1500 personnes en sont mortes au Canada. »

La crise du coronavirus est-elle devenue une pandémie ?

Pas encore. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui parle en théorie de pandémie lorsqu’un nouveau virus se propage dans le monde dans des populations qui ne sont pas immunisées, a déclaré le 25 février qu’il est encore « trop tôt » pour utiliser ce terme par rapport à la crise actuelle. Son directeur général note qu’on n’assiste pas encore à une propagation à grande échelle impossible à contenir. Le 28 février, l’OMS a porté à son degré maximum, « très élevé », le niveau de menace liée au nouveau coronavirus, appelant tous les pays encore épargnés à se préparer à l’arrivée de l’épidémie de COVID-19. Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a affirmé le même jour que « la maîtrise » de la maladie « est possible, mais la fenêtre d’opportunité se rétrécit », en appelant « à la solidarité, à un soutien mondial total et à ce que tous les pays assument leurs responsabilités ».

Quelle incidence aurait la reconnaissance d’une pandémie par l’OMS ?

Gaston De Serres, médecin épidémiologiste rattaché à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), pense que l’OMS ne parlera de pandémie que si elle est convaincue que la progression du virus est véritablement rendue « incontrôlable ». Les pays qui tentent de le contenir localement en isolant les personnes contaminées et leurs contacts ne vont pas « baisser les bras » pour autant et maintiendront leurs efforts, ne serait-ce que pour ralentir sa progression le plus longtemps possible, prévient le spécialiste. La Dre Cécile Tremblay, infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, pense que l’OMS pourra dégager plus de ressources pour aider les pays en voie de développement en qualifiant la crise de pandémie, mais « que ça ne changera pas grand-chose » pour les pays développés. L’administratrice en chef de la santé publique canadienne, la Dre Theresa Tam, a prévenu le 24 février que le pays était prêt à faire face à « toute éventualité ».

Jusqu’où peuvent aller les autorités sanitaires dans leurs efforts ?

La Chine, après avoir cherché initialement à taire l’existence du virus, a décidé de recourir à des moyens draconiens pour endiguer sa progression. Plusieurs villes de la province de Hubei ont été placées en quarantaine, limitant de façon draconienne les déplacements de dizaines de millions de personnes. Ces mesures ont été accueillies avec colère par la population, qui dispose de peu de latitude pour protester face à un régime totalitaire. L’Italie, un pays démocratique qui fait face à une récente flambée de cas de coronavirus, a adopté une loi-décret qui impose un isolement de deux semaines à plusieurs villes de Lombardie. Le DDe Serres note que les autorités sanitaires québécoise et canadienne disposent de pouvoirs « relativement étendus » en cas de crise. Ils doivent cependant les utiliser de façon « proportionnelle à la menace » et éviter les « mesures impraticables », souligne le spécialiste.

– Avec l’Agence France-Presse