(Montréal) Les produits de plastique qui ne contiennent pas de bisphénol A (BPA) ne sont pas nécessairement plus sécuritaires pour la santé, notamment en ce qui concerne le cerveau en développement, prévient une étude américaine.

Les chercheurs de l’Université du Missouri ont ainsi constaté, lors d’expériences sur des souris, que le bisphénol S — avec lequel plusieurs fabricants remplacent le bisphénol A — peut traverser la barrière placentaire et potentiellement interférer avec le développement du cerveau du bébé.

« Les résultats sont vraiment spectaculaires, a commenté Maryse Bouchard, qui est professeure agrégée au département de santé environnementale et de santé au travail de l’Université de Montréal. On a trouvé une réduction de près de 80 % de la concentration de sérotonine dans le placenta [et] une grosse augmentation de dopamine, de trois à cinq fois plus élevée. »

La sérotonine et la dopamine sont deux neurotransmetteurs impliqués dans le développement du cerveau.

La science s’inquiète depuis plusieurs années des effets néfastes du BPA sur la santé. Il pourrait notamment nuire au cerveau et à la prostate des fœtus, des bambins et des enfants, et influencer le comportement des enfants. Des études récentes l’associent également à l’hypertension artérielle.

Des recherches ont démontré que des contenants alimentaires contenant du BPA peuvent contaminer la nourriture ou les boissons qu’ils renferment. Cette nouvelle étude démontre que le BPS n’est peut-être pas plus sécuritaire.

« Cette étude-là ajoute de nouvelles données sur la perturbation hormonale pendant la grossesse, a dit Mme Bouchard. C’est une étude importante […] parce qu’elle a été faite au niveau d’expositions qui sont similaires à ce qu’on observe chez les humains. »

La seule façon de se protéger des BPA ou des BPS, poursuit Mme Bouchard, est de favoriser d’autres types de matériaux pour nos contenants alimentaires, comme le verre par exemple, qui est complètement inerte, ou le métal.

Mais même les aliments en conserve ne sont pas entièrement sécuritaires, puisque les boîtes sont recouvertes à l’intérieur d’un revêtement qui contient lui aussi du BPA.

« C’est documenté que les gens qui consomment plus d’aliments en conserves ont des concentrations sanguines plus élevées, a dit Mme Bouchard. C’est vraiment une source d’exposition. »

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal Proceedings of the National Academy of Sciences.