(Québec) Avant de contrer la dépendance aux écrans chez les jeunes, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, veut d’abord définir cette dépendance.

C’est l’objectif qu’il s’est donné à la veille d’un forum sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes, qui réunira lundi, à Québec, plusieurs experts.

Ils aborderont des thèmes tels que les effets des écrans sur les habiletés langagières des enfants, le bien-être numérique des adolescents et la pratique des jeux vidéo chez les 2 à 25 ans.

Une deuxième journée de consultations est prévue le 20 mars, cette fois avec des groupes communautaires. Le tout devrait éventuellement déboucher sur un plan d’action du ministre.

Dans une entrevue à La Presse canadienne publiée samedi, M. Carmant — un neuropédiatre — a affirmé jongler avec plusieurs questions.

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Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant

« Le cellulaire à l’école, oui ou non ? Le matériel télévisuel éducatif ou pas éducatif ? Il y a plein de choses qu’on a besoin de définir et ce sont ces gens-là qui vont nous aider à les définir et ça, ça va aider les parents », a-t-il déclaré dans son bureau au parlement.

Il a dit comprendre l’inquiétude des parents, dans un contexte où l’initiation aux écrans est de plus en plus précoce et où le temps dévolu à cette activité est en augmentation.

Pour bien des parents, la gestion du temps d’écran autorisé pour leurs enfants est devenue un combat de tous les instants.

Mais il demeure difficile de dégager un consensus scientifique sur ce qu’est la cyberdépendance, selon le ministre.

« La solution, ça va être vraiment une définition claire pour les Québécois de ce que c’est, quand on doit s’inquiéter, quand on doit consulter et quand on doit traiter, a-t-il déclaré. Ce sont ces guides-là qui ne sont pas encore disponibles et qui créent cette inquiétude chez tout le monde. »

Déjà, des données circulent. Selon l’Institut de la statistique du Québec, entre 2007 et 2012, la proportion de jeunes qui consacraient 35 heures ou plus par semaine à des écrans a augmenté, représentant près d’un jeune sur cinq.

De plus, selon les données des centres de réadaptation en dépendance, le nombre de personnes pour qui une problématique de dépendance aux écrans a été identifiée au cours des dernières années a grimpé de 83 en 2013 à 467 en 2018.

Lionel Carmant se dit particulièrement inquiet pour les jeunes ayant des besoins particuliers, qui seraient plus à risque de développer une cyberdépendance, selon lui.

Par ailleurs, il assure que le forum sera un événement transpartisan, et que les oppositions auront « toute la place requise » pour y participer pleinement. « On va travailler avec les oppositions pour trouver un plan commun qui va être notre plan d’action québécois. »

Le Parti libéral du Québec (PLQ) avait exigé la tenue d’une commission parlementaire pour que les députés puissent poser toutes les questions nécessaires aux experts invités.

Il avait également demandé un moratoire sur les programmes de sports électroniques (« e-sports ») dans les écoles, le temps d’étudier les impacts des jeux vidéo sur la santé des jeunes.

Le gouvernement Legault a toujours refusé de décréter un tel moratoire.