Le cancer du col de l’utérus pourrait être éliminé d’ici 20 ans au Canada et d’ici un siècle à l’échelle mondiale, selon deux études internationales à laquelle ont participé des chercheurs québécois.

Il s’agirait d’une grande victoire pour la santé des femmes.

Ces objectifs sont toutefois conditionnels à une couverture vaccinale des jeunes filles de 90 % contre le virus du papillome humain (VPH), à de bons taux de dépistage du cancer du col de l’utérus et à un accès à des traitements adéquats.

Les résultats des chercheurs, dirigés par le professeur Marc Brisson de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, ont été publiés dans la prestigieuse revue médicale The Lancet.

Ils ont utilisé des projections basées sur des modèles mathématiques — utilisant des données cliniques, épidémiologiques et comportementales —, calculant ainsi l’effet des cibles prônées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Plus précisément, celles-ci prévoient qu’à partir de 2030, 90 % des jeunes filles seront vaccinées contre le virus du papillome humain (VPH), que 70 % des femmes seront soumises à un ou deux tests de dépistage du cancer du col de l’utérus au cours de leur vie et que 90 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses ou d’un cancer du col de l’utérus auront accès à des traitements adéquats.

« Si on atteint ces cibles-là, nous, avec nos modélisations mathématiques, on prédit qu’on pourrait éliminer le cancer du col de l’utérus de la planète d’ici 100 ans », a déclaré en entrevue Mélanie Drolet, coauteure de l’étude et épidémiologiste au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval.

Au Canada, la couverture vaccinale est actuellement d’environ 80 %, alors que filles et garçons sont vaccinés en 4e année du primaire.

Comme la couverture vaccinale est bonne au pays, et que les femmes ont aussi facilement accès aux tests de dépistage, les chercheurs prévoient que le cancer du col de l’utérus pourrait être plus facilement éliminé ici que dans d’autres pays. Aussi, les taux d’incidence du cancer du col de l’utérus au Canada sont beaucoup plus faibles qu’ailleurs : il y a sept cas de cancer par 100 000 femmes, par année. Dans certains pays à faibles revenus, on atteint 70 ou même 90 cas par 100 000, a détaillé la chercheuse.

Pour ces raisons, les chercheurs estiment qu’en Amérique du Nord, la quasi-disparition de cette maladie pourrait survenir dès 2040.

C’est la première fois qu’une étude estime le nombre de cas de cancer du col de l’utérus qui pourraient être évités et le moment où la maladie pourrait être éliminée si la stratégie de l’OMS était appliquée.

Selon les projections, l’incidence du cancer diminuerait de 97 % d’ici un siècle, ce qui préviendrait 72 millions de cas de cancer dans le monde.

Selon Mme Drolet, les cibles de l’OMS sont « réalistes ».

L’épidémiologiste indique que dans des pays où le vaccin contre le VPH a été introduit, des taux de couverture vaccinale de 90 % ont été atteints. Mais parfois, c’est l’accès aux tests de dépistage et aux traitements qui n’est pas au rendez-vous.

Elle estime qu’il faudra donc un engagement politique et financier des pays pour réaliser les cibles, a-t-elle déclaré en entrevue. Car le vaccin contre le VPH coûte relativement cher.

S’il y a une réticence à la vaccination dans certains pays, ce n’est pas un problème auquel sont confrontées les autorités sanitaires des pays à faibles revenus, a indiqué la chercheuse, qui n’anticipe pas que cela soit un frein aux atteintes des objectifs.

Ces travaux ont servi à établir la stratégie de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus qui sera soumise pour adoption à l’Assemblée mondiale de la santé en mai prochain.