(Vancouver) Les chercheurs de deux universités canadiennes affirment que le premier type de virus de la grippe auquel les gens sont exposés dans la petite enfance dicte leur capacité à lutter contre la grippe pour le reste de leur vie.

Les résultats d’une étude suggèrent ainsi que l’exposition à l’une des deux souches de grippe qui circulent chaque année — H1N1 ou H3N2 — s’imprime sur l’immunité d’une personne et affecte de manière disproportionnée sa réponse à la grippe au cours de sa vie.

Les chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Université McMaster à Hamilton disent que leurs résultats pourraient permettre aux responsables de la santé publique d’évaluer qui pourrait être plus à risque, au cours d’une année donnée, en fonction de leur âge et du type de virus qui dominaient à leur naissance.

Leur étude est publiée cette semaine dans la revue Clinical Infectious Diseases et elle s’appuie sur des données de la saison grippale 2018-2019, qui a été très inhabituelle, car les deux souches de grippe A avaient dominé à des moments différents.

Matthew Miller, coauteur de l’étude et professeur agrégé au Michael G. DeGroote Institute for Infectious Disease et au McMaster Immunology Research Center, a déclaré que l’immunité antérieure aux virus comme la grippe pourrait avoir un impact sur leur risque de tomber malade lors d’épidémies subséquentes et de pandémies.

« Comprendre comment leur immunité antérieure les laisse protégés ou sensibles est vraiment important pour nous aider à identifier les populations les plus à risque pendant les épidémies saisonnières et les nouvelles épidémies », a-t-il expliqué dans un communiqué.

Les chercheurs affirment qu’une expérience naturelle s’est produite l’hiver dernier au Canada lorsque la souche H1N1 dominante a été progressivement remplacée par la H3N2, qui représentait 80 à 90 % de la grippe en mars 2019, ce qui leur a permis d’observer l’incidence de la maladie selon l’âge au cours d’une saison.

« Comme le H3N2 a remplacé le H1N1, la baisse de l’incidence pour le groupe d’âge de 40 à 49 ans observée au cours de la saison 2017-2018 précédente est réapparue, tandis que l’incidence pour les personnes âgées a augmenté de façon marquée avec l’âge », indique l’étude.

Les mêmes chercheurs avaient montré dans une étude publiée l’an dernier qu’on avait répertorié au Québec un nombre relativement faible de cas de grippe chez les personnes âgées au cours des dernières saisons, dominées par le H1N1, probablement parce qu’elles avaient acquis une protection grâce à une exposition répétée en début de vie à ce sous-type de virus, qui a circulé de 1918 à 1956.

La souche H1N1 de la grippe A a été responsable de la pandémie de grippe espagnole en 1918, qui a tué des millions de personnes dans le monde. Un sous-type de H1N1 avait causé la grippe porcine en 2009, mais le lien entre les deux épidémies n’est pas clair. La grippe dite « asiatique » de 1957 s’est produite lorsque le H2N2 était dominant, avant que le H3N2 n’entraîne une vague de maladie en 1968.