(Montréal) Des microdoses de lithium pourraient permettre de freiner certaines manifestations de la maladie d’Alzheimer et même de récupérer des fonctions cognitives perdues, portent à croire des travaux réalisés à l’Université McGill.

Le docteur Claudio Cuello et ses collègues ont administré à des rats qui avaient été modifiés génétiquement pour présenter des signes de la maladie d’Alzheimer chez l’humain, des doses de lithium jusqu’à 400 fois plus faibles que celles normalement utilisées pour traiter les troubles de l’humeur.

« Les rats avaient une pathologie très semblable à celle vue dans le cerveau humain, a expliqué le docteur Cuello. Ils avaient de graves problèmes cognitifs, ils présentaient une inflammation du système nerveux et le renouvellement des neurones dans l’hippocampe avait cessé. »

On retrouvait aussi dans le cerveau des rats les amas de plaques de bêta-amyloïde associés à la maladie d’Alzheimer.

Les microdoses de lithium utilisées ont été mises au point par une petite compagnie pharmaceutique française et avaient donné des signes prometteurs dans le traitement d’un modèle murin de la maladie d’Huntington, un autre trouble neurodégénératif.

Cette formulation en gélules permet non seulement au produit de se rendre plus facilement jusqu’au cerveau, mais aussi d’éviter les effets secondaires indésirables qui accompagnent inévitablement les doses normales.

« Avec ce traitement prolongé de faibles doses de lithium, nous avons réussi à réduire [les amas de plaques de bêta-amyloïde] qui caractérisent la maladie humaine, nous avons réduit l’inflammation et l’animal a été protégé cognitivement, a révélé le docteur Cuello. Les améliorations cognitives ont été remarquables et la neurogenèse a été rétablie. »

Le moment est venu, selon lui, d’envisager l’utilisation de « cette petite dose très sécuritaire pour traiter la population humaine ». La compagnie pharmaceutique française aura toutefois besoin d’aide, puisqu’elle est trop petite pour s’attaquer seule à des essais cliniques.

Le docteur Cuello croit que les meilleurs essais cliniques seraient menés chez des gens qui ont une prédisposition génétique à la maladie d’Alzheimer. Il pourrait être possible d’intervenir avec des microdoses de lithium un an ou deux avant l’apparition prévue des manifestations cliniques de la maladie, a-t-il dit, ce qui offrirait « une bonne occasion de prévenir le déclin cognitif ».

« Vingt-cinq années s’écoulent entre l’apparition de la maladie et les premiers signes cliniques, a rappelé le docteur Cuello. Quand on arrive au stade clinique, on ne peut plus faire grand-chose […] parce que le cerveau a déjà perdu les connexions essentielles à la mémoire, à l’attention, à l’apprentissage et à toutes les fonctions supérieures du système nerveux central. »

Les conclusions de cette étude sont publiées par le Journal of Alzheimer’s Disease.