Alors que les salles d’urgence de la province débordent, les infirmières de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont ont tenu deux manifestations silencieuses dans la même journée, dimanche, pour protester contre le manque criant de personnel aux urgences. Du jamais-vu dans cet établissement de l’est de Montréal.

« Il y a eu des sit-in ponctuels dans la dernière année. Mais deux dans la même journée, on n’a jamais vu ça », affirme Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (SPS-ESTIM).

Selon M. Cloutier, il manquait neuf infirmières de jour et huit de soir, dimanche, aux urgences de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, alors que le taux d’occupation était de 139 %. « Les infirmières ont fait des sit-in pour forcer les patrons à agir », dit-il.

Les gens sont épuisés. Ils ont travaillé très fort dans le temps des Fêtes. Mais ils sont à bout.

Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal 

Un sit-in a également eu lieu dimanche à l’hôpital Santa Cabrini.

Hugo Vitullo, directeur adjoint aux services professionnels du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, assure que l’établissement « a essayé depuis plus de six mois de prévenir ce qui s’est passé » dimanche.

« On a offert à toutes nos infirmières des temps complets », illustre M. Vitullo, qui ajoute que d’autres mesures d’atténuation ont aussi été mises en place.

Ce dernier explique que les conventions collectives des infirmières prévoient qu’elles ont droit à cinq jours de congé consécutifs durant la période des Fêtes. « Et c’est bien correct. Mais on a 50 % du personnel en disponibilité », note-t-il.

M. Vitullo affirme que le CIUSSS continue de « travailler à trouver des solutions à la pénurie de personnel ». Mais pour M. Cloutier, plus doit être fait. « Aux urgences, même si on offre des postes à temps complet, seulement de 15 % à 20 % des infirmières vont opter pour ça. Parce qu’avec les heures supplémentaires obligatoires, un temps complet devient vite insoutenable », dit-il.

Débordements partout

La crise à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont survient alors que les salles d’urgence de la province sont particulièrement achalandées.

Lundi après-midi, le taux d’occupation des urgences dans les régions des Laurentides et de Lanaudière atteignait 191 %. À l’hôpital de Saint-Jérôme, 31 patients séjournaient depuis plus de 48 heures sur leur civière.

Taux d’occupation des urgences lundi après-midi

Hôpital Pierre-Le Gardeur : 192 %

Centre hospitalier régional de Lanaudière : 191 %

Hôpital de Saint-Eustache : 194 %

Hôpital régional de Saint-Jérôme : 192 %

En Montérégie, le taux d’occupation des urgences s’établissait lundi après-midi à 160 %. La situation était particulièrement critique dans l’ouest du territoire. À l’hôpital du Suroît, à Valleyfield, 30 personnes attendaient depuis plus de 48 heures sur leur civière. 

Jade St-Jean, porte-parole du CISSS de la Montérégie-Ouest, explique que la grippe et la gastroentérite amènent un nombre important de patients à consulter aux urgences. Ce n’est pas la première année où l’achalandage aux urgences explose durant la période des Fêtes. Mais Mme St-Jean affirme que l’augmentation et le vieillissement de la population vécus dans l’ouest de la Montérégie font que le CISSS est déjà « sous pression ». L’ouverture d’un nouvel hôpital à Vaudreuil, déjà annoncé par Québec, aidera en ce sens, selon Mme St-Jean

Taux d’occupation dans les urgences de l’ouest de la Montérégie lundi après-midi

Centre hospitalier Anna-Laberge : 184 %

Hôpital du Suroît : 203 %

Hôpital Barrie Memorial : 220 %

À Montréal, quatre établissements présentaient hier des taux d’occupation de plus de 200 %, soit l’hôpital de LaSalle (207 %), l’hôpital général du Lakeshore (223 %), l’Hôpital général juif (211 %) et l’hôpital de Verdun (204 %).

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on confirme être en « période d’activité grippale élevée, avec tendance à la hausse ». « Une particularité cette année est qu’on observe la circulation simultanée de trois souches de virus », explique la porte-parole du MSSS, Marie-Claude Lacasse.

Une situation qui, ajoutée à la circulation de virus comme celui de la gastroentérite, explique en partie l’achalandage aux urgences. « Le réseau multiplie les moyens qui permettent de contribuer au désengorgement des urgences […] et est mobilisé pour offrir les soins et services à ceux qui le requièrent. Toutefois, il est nécessaire de rappeler que le réseau doit composer avec une capacité d’accueil et un bassin de main-d’œuvre », explique Mme Lacasse.

Le MSSS invite les gens présentant un problème de santé non urgent à consulter leur médecin de famille, une clinique d’hiver ou une clinique sans rendez-vous.

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