(Québec) Le nombre de Québécois qui attendent pour recevoir des services psychosociaux augmente dans la province, alors que François Legault prévenait jeudi que « les trois prochains mois vont être les pires de la pandémie ». Les partis d’opposition réclament à Québec que le gouvernement soit « créatif » pour aider dès maintenant ceux qui souffrent et qui n’ont pas accès à des soins.

Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a révélé jeudi en commission parlementaire que 18 300 Québécois sont inscrits sur une liste d’attente afin de recevoir des services en santé mentale. En novembre dernier, lorsqu’il avait annoncé un investissement de 100 millions pour « couper » cette liste d’ici deux ans, le ministre affirmait que 16 000 personnes étaient en attente de services.

Alors que le premier ministre Legault annonçait jeudi que les rassemblements seront interdits pour les Fêtes dans les zones rouges, Québec solidaire réclame d’urgence que le gouvernement soit « créatif » et qu’il ajoute dès maintenant de nouvelles mesures pour aider les Québécois qui souffrent psychologiquement dans ce contexte pandémique.

« Il faut s’attarder aux conséquences de cette décision » d’annuler les rassemblements, a plaidé vendredi le leader solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, précisant que la décision du gouvernement en ce qui concerne Noël était « la bonne » dans le contexte d’une croissance des cas de COVID-19.

« Le contrat moral de Noël ne tient plus, on a besoin d’un nouveau contrat moral. Un contrat moral pour assurer la santé mentale des Québécois », a-t-il ajouté.

La cheffe solidaire Manon Massé a renchéri qu’annuler les rassemblements était « un coup de massue dans le front » des citoyens et qu’il faut « des mesures spéciales pour prendre soin de la santé mentale » des Québécois.

Une aide supplémentaire qui tarde

Le député du Parti québécois Joël Arseneau a pour sa part déploré vendredi que l’aide d’urgence annoncée en novembre par le ministre Lionel Carmant tardait à se rendre sur le terrain. En commission parlementaire, jeudi, le ministre a indiqué que « les choses vont être en marche d’ici la fin janvier ».

« J’étais persuadé qu’on verrait des résultats sur le terrain en l’espace de quelques semaines. Je suis stupéfait de voir la lourdeur de la machine bureaucratique. […] S’il fallait qu’on traite la santé physique dans la crise sanitaire de cette façon, ça serait inconcevable. Pourtant, on a parlé de la santé mentale comme étant l’angle mort. Ce [délai] est inacceptable », a-t-il dit.

Jeudi, l’Association canadienne pour la santé mentale a également dévoilé que « la deuxième vague de la pandémie a exacerbé les sentiments de stress et d’anxiété, entraînant un niveau alarmant de désespoir, de pensées suicidaires et de découragement au sein de la population canadienne ».

« Une des grandes inquiétudes est l’augmentation marquée du taux de suicide cet automne : une personne sur 10 (10 %) au Canada a récemment eu des pensées suicidaires, par rapport à 6 % au printemps et à 2,5 % en 2016, avant la pandémie », a révélé l’association.