Devant les inquiétudes causées par la propagation du COVID-19, la demande pour les masques de protection va en augmentant. Afin d’assurer leur disponibilité auprès du personnel médical et des patients, Québec appelle les établissements de santé de la province à gérer leurs stocks de façon rigoureuse.

Au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), des bornes avec distributeur de désinfectant et de masques rappelant les mesures d’hygiène et d’étiquette respiratoire sont habituellement bien visibles dans les entrées et les cliniques.

Mais récemment, l’engouement de la population pour les masques a poussé l’institution à retirer ces bornes, confirme Lucie Dufresne, conseillère en communications au CHUM. Afin d’assurer « une gestion rigoureuse et judicieuse des stocks », indique-t-elle. Les patients peuvent obtenir ces masques au poste de sécurité situé à proximité de la borne.

Pourtant, ces objets ne constituent pas un outil de protection utile pour la population générale, même dans le contexte de l’épidémie du COVID-19, tel que l’indique le directeur national de la santé publique du Québec. Ils sont plutôt utilisés par les patients suspectés d’avoir contracté la maladie et les professionnels de la santé qui les soignent.

Vers une pénurie de N95 ?

Les établissements de santé au Québec doivent également s’assurer que l’éclosion du COVID-19 n’aura pas d’incidence sur les équipements de protection individuelle (EPI). Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a demandé de les gérer rigoureusement et judicieusement. On parle notamment du respirateur N95.

Il s’agit d’un masque de protection respiratoire à usage unique qui filtre les particules dans l’air. Il est habituellement porté par le personnel médical, et pas seulement pour les cas de coronavirus, mais pour d’autres maladies respiratoires, comme la tuberculose.

L’entreprise Médi-Sécur, un des principaux fournisseurs dans le système préhospitalier au Québec, est inondée d’appels chaque jour, affirme sa vice-présidente, Joyce Beauvais. Le respirateur N95 est très convoité.

Nous ne pouvons fournir tous nos clients à cause de la pénurie de masques N95, masques chirurgicaux et autres protections.

Joyce Beauvais, vice-présidente de Médi-Sécur

« De plus, tous ces produits cités sont souvent réservés au domaine hospitalier alors que le système préhospitalier, donc nos premiers répondants, sont des intervenants de première ligne et sont plus à risque », juge-t-elle.

Sa dernière réception de masques date de plus d’un mois, et il s’agissait d’une très petite quantité, dit-elle. Les fabricants l’ont avisée que ça pourrait prendre des semaines et même des mois avant de recevoir sa prochaine livraison.

« Nous vendons aussi au grand public et recevons énormément d’appels, des courriels de gens qui ne sont pas du système de la santé mais qui sont très inquiets. Parfois, ils ont un proche qui est malade, ont un avion à prendre ou agissent tout simplement par peur, et nous ne pouvons les aider. Ils veulent tous des masques. »

« Compte tenu de la hausse de demandes de produits causée par le coronavirus, Medline | Dufort et Lavigne doit prioriser la vente des respirateurs N95, masques et autres produits de protection aux hôpitaux du Québec », avertit l’entreprise de distribution de fournitures et d’équipements médicaux Dufort et Lavigne sur la page d’accueil de son site web. On y réfère les clients à un communiqué de Medline Canada datant du 2 mars, qui confirme que les masques sont sujets à des retards d’expédition et à une réduction des effectifs.

« Étant donné la situation mondiale, il n’y a plus de garantie pour un approvisionnement régulier en respirateurs N95 chez les distributeurs », explique Marie-Claude Lacasse, relationniste au MSSS.

Formation d’un comité tactique provincial

Il est important de mentionner que le réseau de la santé n’est pas en pénurie de respirateurs N95, assure-t-on. Les mesures actuelles visent simplement une meilleure gestion des EPI.

Un comité tactique provincial en approvisionnement a donc été formé. Il est composé d’intervenants du Réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), du MSSS, des groupes d’approvisionnement en commun, des distributeurs ainsi que des fabricants.

Des commandes ont été placées auprès des fournisseurs habituels, et d’autres fournisseurs ont été identifiés. Des démarches ont été faites auprès d’eux. Nous évaluons également des alternatives au N95.

Marie-Claude Lacasse, relationniste au MSSS

L’approvisionnement du réseau est effectué en tenant compte de l’ensemble des besoins. « Nous tenons notamment compte du fait que l’établissement soit au non un centre désigné pour traiter d’éventuels cas confirmés de coronavirus, du nombre d’employés, de la population desservie, de la mission, etc. »

À l’heure actuelle, le risque de contracter le coronavirus au Québec demeure faible.

L’important pour la population, c’est de pratiquer « l’étiquette et l’hygiène respiratoire ». Ce terme désigne des pratiques simples, comme se couvrir la bouche et le nez avec le bras pendant qu’on tousse. On peut aussi se servir d’un mouchoir lorsqu’on éternue, en n’oubliant pas de le jeter rapidement à la poubelle. L’autre pratique importante est de se laver les mains au savon et à l’eau après un contact avec des sécrétions respiratoires. L’utilisation d’un désinfectant pour les mains à base d’alcool est également suggérée.

Si on laisse de côté ces pratiques, le port prolongé d’un masque pourrait même accroître les risques d’infection.