Une équipe de chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) vient d’obtenir une importante subvention pour finaliser un test de dépistage précoce des cancers de l’ovaire et de l’endomètre, qui pourrait sauver la vie de milliers de femmes chaque année au Canada.

La subvention de 6,24 millions a été accordée par le Programme de partenariats pour les applications de la génomique (PPAG). Les partenaires du PPAG — Génome Canada, Génome Québec et la Fondation du CUSM — apporteront respectivement un tiers des fonds.

Cet argent aidera à mener le test appelé « DOvEEgene » jusqu’à l’essai clinique final, après quoi il pourra être utilisé par les médecins et gynécologues dans leurs cabinets. La procédure non invasive est similaire au Test Pap, sauf que le prélèvement est fait avec une petite brosse.

Ces cancers de l’ovaire et de l’endomètre sont des cancers dits « silencieux », parce qu’ils sont souvent diagnostiqués trop tard, aux stades III et IV, lorsque le cancer s’est métastasé dans les organes vitaux.

Or, avec ce test, les choses pourraient changer de façon importante d’ici quelques années seulement, puisque les taux de guérison sont supérieurs à 80 % lorsque ces cancers sont diagnostiqués tôt, soit aux stades I et II, a expliqué la Dre Gilbert, la directrice du département d’oncologie gynécologique du CUSM et chercheuse principale à l’Institut de recherche du CUSM.

Avoir un test de détection précoce de ces cancers, « c’est un jour que j’ai longtemps attendu, et ce jour est arrivé ! », a-t-elle lancé lors de la conférence de presse lundi.

Et cela a été rendu possible par toutes ces Montréalaises qui ont participé à des projets de recherche qui ne leur ont rien apporté à elles-mêmes, a-t-elle ajouté en les remerciant.

Pour le moment, la majorité des femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer de l’ovaire sont aux stades III ou IV, « essentiellement incurables », a expliqué en entrevue le Dr Guy Rouleau, un neurologue qui est le directeur médical des laboratoires de génétique moléculaire et de diagnostic d’Optilab-CUSM, où seront réalisés les essais cliniques de la Dre Gilbert.

Celle-ci veut mettre à la disposition des médecins de famille et des gynécologues, au cours des prochaines années, un test diagnostique capable de détecter des cancers précoces de l’ovaire et de l’endomètre — avec un haut niveau de précision.

Le cancer est causé par des modifications génétiques et pour les détecter, nous avons besoin d’une solution génomique, a fait valoir la Dre Gilbert, qui est également professeure aux départements d’obstétrique et de gynécologie et d’oncologie de l’Université McGill. Son test utilisera un séquençage de dernière génération pour tester 23 gènes impliqués dans le développement de cancers sporadiques et héréditaires de l’ovaire et de l’endomètre chez les femmes.

Après les essais cliniques, le test pourra être soumis pour approbation à Santé Canada, à la FDA (Food and Drug Administration) aux États-Unis ainsi qu’aux agences européennes.

« Cette innovation avant-gardiste pourrait être bénéfique aux femmes touchées par ces cancers gynécologiques et réduire la charge du système de santé dans le traitement des cancers avancés. Nous espérons également qu’elle pourra stimuler l’économie québécoise et canadienne grâce à une invention “Faite au Canada” », a déclaré le Dr Bruce Mazer, directeur général et directeur scientifique par intérim de l’Institut de recherche du CUSM.

Ensemble, les cancers de l’endomètre et des ovaires touchent environ 10 000 femmes au Canada annuellement et sont responsables de plus de 3000 décès par année.