(Ottawa) La Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII) s’insurge contre les lignes directrices de l’Agence canadienne de la santé publique (ASPC) visant à protéger les intervenants de la santé de première ligne contre les nouveaux virus comme le COVID-19, affirmant qu’elles ne vont pas assez loin et pourraient mettre leur vie et celle des patients en danger.

L’ASPC a récemment mis à jour ces normes en la matière en énumérant les précautions que doivent prendre les travailleurs de la santé au cours de l’examen et du traitement d’un patient présentant les symptômes du nouveau coronavirus.

L’agence fédérale s’est engagée à mettre à jour ses lignes directrices au fur et à mesure qu’elle en apprend davantage sur le COVID-19 qui a affecté plus de 64 000 personnes dans le monde, principalement en Chine.

La présidente de la FCSII, Linda Silas, les protocoles de sécurité sont inadéquats par rapport à ceux établis en Ontario ou dans d’autres pays.

Elle signale que ces normes supposent que le coronavirus ne peut pas se propager par l’air, ce que les recherches n’ont pas clairement établi. Le gouvernement fédéral devrait plus faire attention jusque qu’il en soit sûr à 100 %.

« Quand on ne sait pas, on doit opter pour les meilleures précautions possible pour les travailleurs », juge Mme Silas.

Les infirmières, les médecins et les autres personnels médicaux qui entrent en contact avec les patients doivent être protégés, non seulement pour leur propre santé, mais pour arrêter la propagation potentielle du virus, ajoute-t-elle

« Nous devons indiquer clairement que si les travailleurs de la santé ne sont pas en sécurité, les patients ne le sont pas », martèle Mme Silas, qui a écrit à la ministre fédérale de la Santé Patty Hajdu à ce sujet.

L’Ontario a publié ses propres lignes directrices, requérant l’utilisation constante de respirateurs jetables au cours d’une consultation tandis que le fédéral exige uniquement un masque chirurgical, à moins que certaines procédures médicales ne soient effectuées.

PHOTO CARLOS OSORIO, ARCHIVES REUTERS

Un patient atteint du coronavirus a été traité à l'hôpital Sunnybrook de Toronto, à la fin janvier.

Les protocoles fédéraux sont en conformité avec ceux de l’Organisation mondiale de la santé, mais d’autres pays, comme les États-Unis, se montrent plus sévères.

« Au Canada, la protection est beaucoup plus faible et nous n’accepterons pas cela », martèle Mme Silas.

Elle suggère à tous les travailleurs de la santé, peu importe où ils se trouvent, de suivre les normes américaines ou ontariennes plutôt que les normes fédérales.

Selon Mario Possamai, qui avait fait partie de la commission d’enquête sur le SRAS, l’Agence de la santé publique du Canada n’a pas tiré de leçons de la mauvaise expérience vécue par l’Ontario.

Lors de la crise du SRAS, près de la moitié des 247 cas rapportés en Ontario étaient des infirmières, des médecins, des inhalothérapeutes et du personnel de soutien.

« L’épidémie de SRAS a eu lieu il y a 17 ans, et je ne peux pas croire qu’on n’ait pas appris », déplore M. Possamai.

Les gouvernements ont investi des millions de dollars pour que les chercheurs puissent répondre à certaines questions persistantes sur le coronavirus. En attendant d’avoir trouvé des réponses certaines, des vies peuvent être sauvées si on se prépare au pire, souligne-t-il.

« C’est pourquoi je suis si préoccupé. »