(Montréal) Une nouvelle étude menée à l’Hôpital de Montréal pour enfants et au CHU Sainte-Justine pourrait permettre de mieux diagnostiquer la pneumonie chez l’enfant, et donc de réduire l’utilisation inutile d’antibiotiques lorsque la maladie est causée par un virus.

Le projet, qui est financé par l’Initiative interdisciplinaire en infection et immunité de McGill, sera dirigé conjointement par les docteurs Jesse Papenburg et Jocelyn Gravel, respectivement de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de Sainte-Justine.

« Les pneumonies acquises en communauté chez l’enfant sont une des causes principales d’hospitalisation en pédiatrie, a expliqué le docteur Papenburg. Environ 85 % de ces enfants-là vont avoir un virus qui va contribuer à la pneumonie. Mais chez ces enfants-là qui sont assez malades pour avoir besoin […] d’être hospitalisés […] c’est très difficile d’éliminer la possibilité d’une infection bactérienne concomitante, ou même principale, parce que les méthodes de diagnostic ne sont pas très sensibles. On n’est pas capables de détecter tous les cas d’infections bactériennes. »

Le problème, précise le docteur Papenburg, est que l’infection a lieu dans les poumons et qu’il est difficile d’aller récolter un spécimen adéquat dans les poumons d’un jeune enfant.

De plus, les médecins savent qu’une infection virale prédispose le patient à une surinfection bactérienne. Ils n’ont donc d’autre choix que d’être prudents.

« Presque tous les enfants hospitalisés avec une pneumonie reçoivent des antibiotiques, même si on sait que la majorité ont probablement juste un virus, mais on ne peut pas prendre la chance parce qu’une pneumonie qui n’est pas traitée adéquatement peut mal évoluer et être plus compliquée », a-t-il dit.

Le nouveau projet vise donc à développer des méthodes qui vont aider à distinguer une pneumonie virale d’une pneumonie bactérienne.

En plus de la détection des virus et des bactéries, les chercheurs tenteront de déterminer si la réponse du système immunitaire de l’enfant, la réponse des gènes qui sont activés et les produits qui se retrouvent dans le sang leur permettent d’identifier des signatures qui correspondent plutôt à une infection virale ou plutôt à une infection bactérienne.

« Si on augmente notre capacité à faire cette différenciation-là au niveau du diagnostic, non seulement on va diminuer la surconsommation d’antibiotiques dans cette population, […] mais peut-être aussi on va s’assurer que les enfants qui ont vraiment besoin d’antibiotiques les reçoivent », a expliqué le docteur Papenburg, un spécialiste de l’infectiologie pédiatrique.

Quelque 120 sujets seront recrutés dans les deux centres hospitaliers pédiatriques aux fins de cette étude qui commence à peine.

« C’est une étude exploratoire, a dit le spécialiste. On va s’assurer qu’on est capable d’avoir des spécimens adéquats qui sont analysables pour faire ce genre d’études […] qui sont relativement complexes. »

Les premiers résultats sont attendus dans environ 18 mois. S’ils sont probants, l’étude pourrait être élargie à d’autres hôpitaux du Canada et d’ailleurs.