Au total, 62 % des travailleurs sociaux de la DPJ disent qu’ils « peinent à réaliser les suivis requis pour répondre aux besoins » et 72 % croient par ailleurs que l’accès aux services s’est détérioré depuis la réforme du système de santé, selon un sondage SOM commandé par l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec.

Si ce sondage remis à La Presse porte sur l’ensemble de la profession et rend compte d’une fatigue et d’un ras-le-bol généralisés, c’est particulièrement criant du côté de la DPJ, où 6 travailleurs sociaux sur 10 disent songer à quitter la profession (comparativement au tiers pour l’ensemble des travailleurs sociaux).

Cela fait écho aux cris d’alarme lancés à la commission Laurent, mise en place à la suite de la mort tragique de la fillette de Granby au printemps.

Au total, 43 % des répondants ont indiqué qu’ils pouvaient rarement ou ne pouvaient jamais respecter les connaissances scientifiques, les normes, les pratiques et les règles de l’art (la déontologie).

« Profond malaise »

En entrevue, Guylaine Ouimette, présidente de l’Ordre des travailleurs sociaux, a dit ne pas avoir été étonnée des résultats. « Je constate un profond malaise chez nos membres et un conflit de loyauté réel entre les besoins des clients et les demandes de leurs patrons », note-t-elle.

Mme Ouimette explique avoir multiplié les rencontres avec les ministres et les gestionnaires du réseau de la santé et des DPJ ces derniers temps.

« Le ministère de la Santé et des Services sociaux impose des conditions de pratique contraires au code de déontologie », dénonce-t-elle.

Dans ces conditions de surcharge de travail généralisée et dans la mesure où un si grand nombre de travailleurs sociaux disent en venir à violer leur code de déontologie, comment l’Ordre réagit-il face aux plaintes du public ? Si les travailleurs sociaux sont exposés en toute connaissance de cause à l’erreur, comment les sanctionner ?

À cela, Mme Ouimette répond que l’Ordre doit continuer à viser les plus hauts standards pour bien protéger le public. Elle soutient que les professionnels ont des recours à l’intérieur de leur organisation respective, y compris pour refuser des dossiers s’ils sont déjà surchargés.

Ce sondage faisait partie d’un sondage plus large réalisé par huit ordres professionnels, dont les résultats globaux ont été diffusés en décembre.

Des 10 000 membres de l’Ordre des travailleurs sociaux interpellés, 5638 ont rempli le questionnaire.