Une partie de la solution au problème d’engorgement des urgences réside dans l’implantation et la généralisation des projets de ratios infirmière-patients, estime la FIQ.

La Fédération interprofessionnelle de la santé, qui représente 76 000 infirmières, infirmières auxiliaires et autres professionnelles en soins, croit que la situation chaotique qui prévaut présentement dans les urgences du Québec serait moins difficile si ces fameux ratios avaient déjà été implantés.

Seize projets pilotes avaient été lancés sous l’ancien ministre de la Santé, Gaëtan Barrette, afin de vérifier la pertinence et l’efficacité d’implanter de tels ratios infirmière-patients. Ces ratios variaient selon l’unité de soins : urgence, soins de longue durée, chirurgie, soutien à domicile, médecine.

La FIQ a toujours soutenu que les ratios permettent aux infirmières d’être moins épuisées, de faire moins d’heures supplémentaires obligatoires. En plus, il y a moins d’absentéisme et moins de recours à l’assurance-invalidité. Et, pour les patients, de meilleurs soins sont dispensés et un meilleur suivi peut être assuré.

Le dernier de ces 16 projets pilotes a pris fin en décembre. Interrogée à ce sujet, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, avait déjà indiqué qu’elle voulait attendre la fin de tous les projets pilotes, puis les analyser, avant d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

Mais la présidente de la FIQ, Nancy Bédard, estime qu’il ne faut plus attendre, qu’il y a urgence et que l’efficacité de ces ratios a été démontrée.

« L’ensemble des projets a été concluant. Il n’y a plus une minute à perdre. Les bilans sont faits ; les constats sont là ; tout est déposé. Donc, on ne comprend pas pourquoi Mme McCann se sert toujours de ce besoin final d’un autre bilan », a critiqué Mme Bédard.

Si certaines infirmières déploraient le fait que pour mener à bien ces projets ratios, il avait fallu enlever des infirmières sur les autres étages du même hôpital pour les réaffecter à l’unité de soins du projet pilote, Mme Bédard assure que ce problème a été réglé.

Mme Bédard se dit convaincue que l’implantation de ces ratios infirmière-patients bénéficierait aux urgences. « Les ratios font qu’on a du personnel pour vivre ces moments-là et donner des soins de qualité et sécuritaire à la population », soit ces périodes de pointe d’hiver, fait-elle valoir.

« Quand tu rentres travailler, que tu sais que tu as déjà fait deux’16 heures’, que le prochain quart où tu vas rentrer il manque encore huit personnes… Tu es déjà à bout de souffle ; tu vas devoir encore rester pour un autre 16 heures. Bien là, on est dans un cercle de maladie, d’absence. Un moment donné, les professionnelles en soins ne veulent plus travailler dans les urgences et s’en vont », a illustré la dirigeante syndicale.

D’après elle, si on appliquait le résultat des projets de ratios infirmière-patients, c’est 6000 professionnelles en soins de plus qu’il faudrait — qu’il s’agisse d’infirmières ou d’infirmières auxiliaires. À ceux qui lui font valoir que cela serait coûteux, elle réplique que le TSO (temps supplémentaire obligatoire) est aussi coûteux, de même que l’absentéisme et l’épuisement professionnel des infirmières. « Ça coûte des millions », dit-elle, sans compter les soins de moindre qualité.