L’ouverture de cliniques d’hiver est une « réponse imparfaite » à l’engorgement des urgences, et le gouvernement devra « faire beaucoup plus », reconnaît la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann.

Depuis le temps des Fêtes, les urgences débordent au Québec, dans la grande région de Montréal en particulier.

Le taux d’occupation s’élevait à 119 % pour l’ensemble du Québec en fin d’après-midi lundi. Il atteignait entre 130 % et 140 % dans les Laurentides, à Laval, à Montréal, dans Lanaudière et en Montérégie.

Québec avait pourtant tenté de faire face à l’achalandage causé notamment par la grippe et la gastro avec l’ouverture de 55 cliniques d’hiver en décembre – c’était 70 l’an dernier. La mesure, qui coûte 3 millions de dollars, vise à augmenter les heures d’ouverture de cliniques afin d’accueillir des patients qui n’ont pas de médecin de famille et qui ont un problème de santé non urgent.

De retour du congé des Fêtes, Danielle McCann convient que cette mesure, « ce n’est pas suffisant ». « Il faut aller beaucoup loin que ça », a-t-elle affirmé en entrevue.

Première ligne

La solution passe par une révision de la première ligne, selon elle. Elle rappelle ses deux projets de loi à l’étude à l’Assemblée nationale, qui visent à donner plus de pouvoirs aux pharmaciens et aux infirmières praticiennes spécialisées.

Elle « encourage fortement » les établissements à conclure des ententes avec des cliniques afin de réorienter vers elles rapidement les patients qui se présentent à l’urgence pour un problème mineur. De telles ententes existent déjà à Québec et à l’hôpital Sainte-Justine, à Montréal, souligne-t-elle.

Danielle McCann réitère également son intention de revoir le mode de rémunération des médecins de famille. Ils seraient payés pour la prise en charge d’un certain nombre de patients, donc par capitation, plutôt qu’à l’acte.

Il y a encore 50 % des patients à l’urgence qui, s’il y avait une réponse plus forte en première ligne, ne seraient pas là, à l’hôpital. C’est ça qu’on est en train d’organiser.

La ministre Danielle McCann

Des négociations sont en cours avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, qui a « une bonne ouverture », selon elle.

Elle prévient cependant qu’une fois une entente conclue, « il y a des étapes » à franchir avant que le nouveau mode de rémunération n’entre en vigueur. La Régie de l’assurance maladie du Québec devra revoir son système de paiement. 

Elle veut également demander au Collège des médecins de réviser son code de déontologie afin de permettre à ses membres de « faire certains actes par téléphone et par l’internet, comme dans d’autres provinces ».

Une entrée en vigueur du nouveau mode de rémunération d’ici la fin du mandat à l’automne 2022, « c’est notre objectif », a-t-elle précisé.

Et c’est pour quand, la fin de l’engorgement des urgences ? « Ah ! mon Dieu, si je pouvais vous répondre ! Mais, vous savez, je suis prudente. »

Elle a réitéré la promesse électorale de son parti : réduire à 90 minutes le temps d’attente pour voir un médecin à l’urgence. Le délai est autour de 2 heures 30 minutes actuellement. Il ne s’est pas amélioré au cours de la première année au pouvoir du gouvernement Legault.