Le Dr Luc Comtois, de Sherbrooke, est radié pour huit mois et devra payer 22 500 $ d’amendes notamment pour avoir qualifié l’un de ses patients de « merdique » et pour avoir vendu des forfaits de prise en charge à 200 $ par année.

Le Dr Comtois, médecin de famille pratiquant à la Clinique médicale Rock Forest, a entre autres été reconnu coupable d’avoir mis en ligne une plateforme, Médecins Inc., par laquelle ses patients pouvaient avoir accès de façon prioritaire à des plages de rendez-vous en payant un forfait de 200 $ par année.

Le Dr Comtois a aussi été reconnu coupable d’avoir sollicité des patients à souscrire à cette plateforme. Le médecin de famille consacrait en fait 75 % du temps de ses consultations médicales à « faire la promotion de son site internet et des avantages qui y sont rattachés », peut-on lire dans la décision du Conseil de discipline du Collège des médecins.

Or, en 2010, le Dr Comtois avait déjà été épinglé par la Régie de l’assurance maladie du Québec pour la vente de tels « forfaits ». À l’époque, il s’était engagé auprès du Collège des médecins à ne plus procéder ainsi.

PHOTO TIRÉE DE MEDECINSINC.COM

Le Dr Luc Comtois

Perte de contrôle

Le Dr Comtois a aussi été déclaré coupable de s’être emporté à l’endroit d’un patient « en le traitant de “patient merdique”, en lui “arrachant” des mains un certificat médical et en le déchirant parce que le patient avait changé d’idée et qu’il ne voulait plus payer la somme de 80 $ pour faire remplir un formulaire d’assurance », peut-on lire dans la décision.

Au fil des ans, plusieurs demandes d’enquête avaient été reçues par le Collège des médecins concernant le Dr Comtois. Ce dernier avait fait l’objet d’inspections professionnelles et avait dû suivre des ateliers de formation et de perfectionnement. Il avait entre autres été déclaré coupable en 2005 d’entrave à une enquête du bureau du syndic. Il s’était vu imposer une réprimande et une amende de 600 $.

Estimant que le dossier du Dr Comtois ne comportait « aucun facteur atténuant », si ce n’est sa décision tardive de plaider coupable à deux chefs d’accusation, et estimant les risques de récidive du professionnel élevés, le Conseil de discipline l’a condamné à huit mois de radiation et à des amendes totalisant 22 500 $.

Cancer ignoré, radié 10 semaines

Le Dr Théodore G. Kass, chirurgien de Montréal, vient pour sa part de se faire radier pour 10 semaines pour avoir omis de traiter le cancer d’un patient.

Le patient en question, âgé de 77 ans, se présente le 27 juin 2016 chez son médecin de famille de Pincourt. Il présente un « bourgeon charnu situé au deuxième orteil de son pied droit », peut-on lire dans la décision du Conseil de discipline du Collège des médecins. La masse augmentait de volume depuis quelques mois.

Après avoir vu le patient, le Dr Kass l’opère le 22 août 2016 à l’hôpital de Lachine. Il lui retire le granulome et achemine le spécimen en pathologie à l’hôpital de Lachine.

Le 19 septembre 2016, le pathologiste « conclut en la présence d’un mélanome invasif » et estime qu’une « amputation sera requise pour ce patient ». Le pathologiste produit un rapport et en informe le Dr Kass. Mais aucun traitement contre le cancer n’est entamé.

Deuxième opération

Le 23 février 2017, le patient revient voir le Dr Kass à sa clinique, car l’état de son orteil s’est détérioré. Le granulome est réapparu. Le Dr Kass l’opère à nouveau le 20 mars 2017. Il envoie une deuxième fois un spécimen au pathologiste de l’hôpital de Lachine.

Le 3 avril 2017, le pathologiste souligne au Dr Kass « qu’il s’agit de la deuxième analyse de ce genre que l’intimé réclame pour ce patient alors qu’un mélanome a déjà été diagnostiqué en septembre 2016 ».

À la lecture de ce courriel, le Dr Kass se souvient « que le pathologiste l’a appelé le 19 septembre 2016, qu’il était alors à l’hôpital des Vétérans et qu’il avait eu une journée occupée ». Le Dr Kass appelle aussitôt son patient pour lui annoncer qu’il souffre d’un cancer.

Le Dr Kass donne rendez-vous à son patient avec un chirurgien pour le lendemain. Le Dr Kass ne reverra jamais ce patient, qui mourra le 16 octobre 2017.

Dans sa décision, le Conseil de discipline du Collège des médecins précise qu’il ne lui appartient pas de se prononcer sur le lien entre la faute du Dr Kass et la mort du patient. Mais il indique que « la négligence et le laxisme dont il a fait preuve privent ce patient d’être pris en charge rapidement ». « Il est établi que les traitements prodigués [au patient] pour tenter de soigner son cancer n’ont pas permis à ce dernier de survivre ». Le Dr Kass a plaidé coupable au chef d’infraction qui pesait sur lui et est radié 10 semaines.