La saison de la grippe vient de commencer, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La précocité et l’intensité de l’influenza ayant frappé l’Australie cette année inquiètent de nombreux infectiologues nord-américains, mais une spécialiste québécoise se fait néanmoins rassurante.

Un départ dans la moyenne

La proportion des tests grippaux positifs a dépassé la barre des 5 % durant la semaine du 30 novembre, selon l’INSPQ. L’arrivée de l’influenza se situe ainsi dans la moyenne puisque, depuis une douzaine d’années, ce seuil marquant le début de la saison grippale a été franchi avant décembre une année sur deux. Le début de saison le plus hâtif, en octobre, est survenu lors de la pandémie de grippe H1N1 de 2009. Le début le plus tardif est survenu en 2015-2016, fin janvier. Le pic de grippe survient généralement six semaines après le moment où la proportion des tests grippaux positifs dépasse la barre des 5 %, selon les données de l’INSPQ. Mais à deux reprises, en 2016-2017 et en 2017-2018, il y a eu deux pics, donc une période plus longue où la grippe était plus sévère.

Pas de catastrophe, finalement

« Les premières nouvelles en provenance de l’Australie, qui est touchée avant nous, étaient inquiétantes, mais finalement, ce n’est pas si pire que ça », indique Maryse Guay, spécialiste de la question à l’Université de Sherbrooke et au Centre de recherche de l’hôpital Charles-Le Moyne. La saison de la grippe cette année a commencé plus tôt que d’habitude en Australie, et le nombre de cas y est aussi élevé que celui observé en 2017, l’une des pires saisons de l’histoire récente en Australie. La grippe en 2017-2018 avait aussi été la plus dure depuis 2004 en Amérique du Nord, avec 28 000 diagnostics au Québec.

Vaccination des enfants

En novembre, une étude publiée dans la revue JAMA Pediatrics a examiné les raisons pour lesquelles les parents faisaient vacciner leurs enfants contre la grippe aux États-Unis. On a voulu plus particulièrement tester l’hypothèse selon laquelle la sévérité de la grippe la saison précédente et l’efficacité du vaccin la saison précédente influençaient cette décision. « On n’a pas trouvé de lien », explique l’auteure de l’étude, Melissa Stockwell, de l’Université Columbia.

Faible taux au Québec

Les taux de vaccination des enfants sont beaucoup plus élevés aux États-Unis qu’au Québec. Pas moins de 70 % des enfants de 6 à 23 mois sont vaccinés, contre moins de 30 % au Québec. Même les adolescents américains sont plus souvent vaccinés que les bébés québécois. Pourquoi ? Maryse Guay, qui vient de publier le livre La santé publique à une ère marquée par le doute – Origines religieuses et culturelles de l’hésitation des Canadiens face à la vaccination, montre du doigt les recommandations des autorités de santé publique.

Contrairement aux États-Unis, le Québec ne recommande pas la vaccination des enfants, sauf s’ils souffrent d’une maladie chronique. « On recommande, aux États-Unis, de vacciner les enfants entre autres pour diminuer la transmission, dit la Dre Guay. C’est connu que les enfants jouent un rôle important dans la transmission de la grippe. Mais avec les limites du vaccin et les couvertures vaccinales qui n’atteignent pas des proportions assez élevées, la grippe circule quand même et il y a tout de même transmission. »

De plus, les États-Unis considèrent que la vaccination universelle augmente les chances de vacciner les personnes à risque, ce qui n’a jamais été prouvé, selon la Dre Guay. La dernière révision de la vaccination antigrippale au Québec, en 2018, recommandait de retirer les bébés de 6 à 23 mois de la liste des personnes à risque élevé.

La vaccination en chiffres

5 %
Taux de vaccination antigrippale des enfants de 6 à 23 mois aux États-Unis en 2002

65 %
Taux de vaccination antigrippale des enfants de 6 à 23 mois aux États-Unis en 2011

75 %
Taux de vaccination antigrippale des enfants de 6 à 23 mois aux États-Unis en 2017

10 %
Taux de vaccination antigrippale à 12 mois au Québec en 2014

21 %
Taux de vaccination antigrippale à 24 mois au Québec en 2014

29 %
Taux de parents québécois qui disaient avoir fait vacciner leur enfant de 6 à 23 mois en 2017

Sources : Centers for Disease Control and Prevention, JAMA Pediatrics, Institut national de santé publique du Québec