Une maman de la région de Montréal en a été quitte pour une bonne frousse et pour un rendez-vous d’urgence à l’hôpital quand elle a découvert, deux jours après une visite au Parc Safari, que son bébé de huit mois avait été exposé au virus de la rougeole par un visiteur contagieux.

On ne sait pas si le visiteur en question avait été vacciné ou non contre la maladie, mais l’efficacité des deux doses de vaccin contre la rougeole, administrées après l’âge de 12 mois, varie entre 95 et 97%. Il n’est donc pas impossible que ce visiteur ait été à la fois vacciné et malade, mais la probabilité serait plutôt mince.

Des informations qui ont circulé en lien avec cette affaire indiquent qu’il avait été infecté à l’étranger et qu’il fréquentait le camp du jour du Centre de la nature de Laval.

Quoi qu’il en soit, et à un moment où plusieurs remettent en question la pertinence de la vaccination, cette affaire jette un éclairage cru sur les répercussions que peut avoir la présence en public d’un individu porteur d’une maladie aussi contagieuse que la rougeole.

Le 12 juillet

C’est donc le 12 juillet que Joanie Cabana, ses amies et leurs enfants respectifs se rendent au Parc Safari, où elles traversent notamment le tunnel des félins.

Deux jours plus tard, les autorités de santé publique du Québec sonnent l’alarme: le virus a été présent au parc entre 11h30 et 15h30, et plus spécifiquement à compter de 13h dans le tunnel des félins.

«Les photos dans mon iPhone dataient de 13h40, donc je faisais vraiment partie de la cible, a raconté Mme Cabana à La Presse canadienne. C’est certain que j’étais assez paniquée. Je surveillais tous les petits éternuements, toutes les petites toux, est-ce qu’il fait de la fièvre, est-ce que ça va et tout ça…»

Elle communique avec Info-Santé, qui la réfère au CHU Sainte-Justine. Le centre hospitalier pédiatrique montréalais est lui-même sur un pied de guerre: huit autres bébés sont attendus le lendemain après avoir eux aussi été exposés au virus et on propose à Mme Cabana de rejoindre le groupe.

On ne rigole pas avec la rougeole.

«Il faut vraiment séparer la rougeole des autres virus, a dit la docteure Caroline Quach-Thanh qui est responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine. La rougeole est hautement contagieuse. C’est vraiment la maladie infectieuse la plus contagieuse qu’on connaisse.»

Puisque le bébé de Mme Cabana n’a que huit mois, il n’a pas encore reçu le vaccin qui le protégerait contre la maladie. Il a donc besoin d’une intervention particulière pour éviter d’être malade.

«Dans le contexte de la rougeole, c’est très important d’agir rapidement parce qu’on a trois jours après l’exposition pour être capables de prévenir par une dose de vaccin, mais ça peut être administré seulement chez les six à douze mois, a expliqué la docteure Quach. Autrement, si on a passé le trois jours, on a une semaine pour administrer des immunoglobulines. Ce sont des anticorps développés par des gens qui ont fait la rougeole ou qui ont été vaccinés contre la rougeole.»

En bout de compte, Mme Cabana et son bébé en seront quittes pour un peu de fièvre et quelques nuits blanches.

Importance de la vaccination

Sa mésaventure a poussé Mme Cabana à lancer un cri du cœur sur Facebook.

«J’espère que tu as retenu une leçon de mon expérience et qu’à l’avenir tu comprends que la vaccination c’est important pour tout le monde surtout les plus fragiles d’entre nous, a-t-elle écrit à l’intention des parents qui choisissent de ne pas faire vacciner leur enfant. En ne vaccinant pas ton enfant, tu t’engages à ne pas le laisser fréquenter les lieux où il pourrait rencontrer des bébés, des personnes âgées ou des personnes immunosupprimées. […] La vaccination a été créée pour contrer les décès ou les complications liées à des virus facilement transmissibles. Grâce à la science, il est possible de nous protéger et de protéger nos enfants. Merci de vacciner vos enfants.»

Une personne infectée par la rougeole et qui est contagieuse peut infecter jusqu’à 16 personnes susceptibles autour d’elle, a dit la docteure Quach. On peut donc rapidement se trouver en présence d’une propagation exponentielle, surtout que le virus se transmet par voies aériennes et qu’il reste en suspension dans l’air jusqu’à une heure après le passage de la personne infectée.

Quatre nouvelles infections ont été détectées chez des personnes non vaccinées, en lien avec le cas de Laval.

«Présentement la rougeole est partout et si on n’est pas protégés, on va l’attraper, a prévenu la spécialiste. Tous les gens autour qui sont trop jeunes pour avoir été vaccinés contre la rougeole, qui sont immunocompromis (et) qui ne peuvent pas être vaccinés, ou une maman enceinte qui n’est pas protégée pour une raison X, il y a des conséquences pour ces gens-là. Ce sont des gens qui devront recevoir des interventions médicales rapidement et qui vont s’inquiéter […]. Donc c’est vrai qu’autour de chacun des cas qu’on a eus récemment, il y a des interventions qui doivent être faites et qui génèrent une certaine peur de la part des parents.»

Mme Cabana abonde dans le même sens et souhaite surtout sensibiliser la population à l’importance de la vaccination.

«Je ne veux pas jeter la pierre à personne, a-t-elle dit. Je ne veux pas porter de jugement sur ceux qui (ne font pas vacciner leur enfant). Mais je voulais surtout faire savoir à ceux qui ne le font pas quels sont les dommages que ça peut causer. Je voulais surtout que mon message soit compris dans ce sens-là, que la décision de ne pas faire vacciner leur enfant ne le concerne pas seulement eux. C’est surtout important de bien s’informer.»

Dix-huit personnes ont été atteintes par la rougeole depuis janvier. Les symptômes — fièvre importante, toux, écoulement nasal, yeux rouges, malaise généralisé, rougeurs au visage puis sur le corps — apparaissent en général deux semaines après l’exposition au virus.