(Regina) Le moment est venu de limiter l’accès à la codéine en vente libre pendant que le pays traverse la crise des opioïdes, soutiennent des pharmaciens.

Des appels ont été lancés pour limiter l’accès aux produits à base de faible dose de codéine, notamment le Tylenol 1 et ses homologues génériques, depuis qu’une pharmacie en Saskatchewan a été sanctionnée pour ne pas avoir compris que ce médicament pouvait entraîner une accoutumance.

La codéine est un opiacé utilisé comme analgésique et pour soulager la toux, mais il peut être mal utilisé. Dans la plupart des régions du Canada, le produit se présente sous forme de comprimés de huit milligrammes mélangés à deux autres ingrédients qui peuvent être achetés sans ordonnance.

Le Collège des pharmaciens professionnels de la Saskatchewan a dévoilé des précisions sur les 15 chefs d’accusation déposés contre une pharmacie de Regina qui a fermé ses portes depuis ce temps.

Une inspection a révélé que d’avril 2017 à janvier 2018, le commerce avait acheté 1,6 million de comprimés de Tylenol 1, mais n’a pas rapporté ce qui est arrivé à 1,1 million d’entre eux.

Certains pharmaciens choisissent de ne pas stocker des Tylenol 1.

« Nous sommes en pleine crise d’opioïdes, rappelle l’un d’entre eux, Matthew Manz. Nous devons être plus conscients de ce qui se passe. On participe à un programme de réductions des méfaits. On dit aux gens d’éviter les opioïdes, mais, dans le même temps, on en vend en vente libre. Dans ma tête, ça n’a aucun sens. »

L’Association des pharmaciens du Canada appuie le passage à la vente sur ordonnance. Elle demande à Santé Canada de se pencher sur l’utilisation des produits à faible dose de codéines, car des recherches scientifiques suggèrent qu’il existe de meilleures solutions pour soulager la douleur.

Son directeur du contenu thérapeutique, Barry Power, rappelle que les Canadiens figurent parmi les principaux consommateurs de codéine au monde.

Selon Santé Canada, plus de 600 types de comprimés à base de faible dose de codéine ont été vendus au Canada en 2015. L’agence examine si ces produits doivent être uniquement vendus sur ordonnance. Le Manitoba a déjà adopté une telle mesure en 2016.

Un expert des questions de sécurité entourant les médicaments, David Juurlink, estime qu’il serait normal de vendre uniquement ces produits sur ordonnance. Une telle mesure permettrait de réduire l’accès à des produits qui « créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent ».

« Dans une petite ville de la Nouvelle-Écosse où je travaillais, les gens se rendaient de pharmacie en pharmacie pour s’acheter 100 comprimés tous les deux jours », relate-t-il.

M. Juurlink et d’autres experts médicaux soulignent que les gens qui consomment des comprimés de codéine en vente libre courent le risque de subir une intoxication du foie à cause des concentrations excessives d’acétaminophène dans leur corps.