(Montréal) Le cannabis semble nuire au développement cognitif des adolescents, prévient une nouvelle étude réalisée à l’Université de Montréal.

La docteure Patricia Conrod et ses collègues se sont intéressés à la consommation d’alcool et de cannabis de quelque 4000 jeunes qui sont entrés au secondaire dans la grande région de Montréal en 2012 et 2013. Leur consommation a été mesurée et leurs fonctions cognitives évaluées à l’aide de tests informatiques chaque année pendant quatre ans.

La taille de la cohorte a permis aux chercheurs d’utiliser des modèles informatiques très sophistiqués pour étudier la relation entre la consommation de substances et les fonctions cognitives.

Leur conclusion est à la fois simple et effarante : plus un jeune consomme de cannabis, plus ses fonctions cognitives sont diminuées.

« La relation est spécifique au cannabis, a dit la docteure Conrod. Aucun effet supplémentaire relié à l’alcool n’a été détecté sur les fonctions cognitives. En ce moment rien ne porte à croire qu’il existe un niveau de consommation sécuritaire pour les adolescents. »

Plusieurs fonctions cognitives sont affectées par le cannabis, a-t-elle ajouté : le rappel de mémoire, la mémoire de travail, le contrôle inhibiteur, la logique et la résolution de problèmes étaient tous touchés.

Le niveau de contrôle inhibiteur des jeunes de quatrième secondaire qui étaient des consommateurs habituels de cannabis était le même que celui des jeunes de première secondaire qui n’avaient jamais consommé. « En d’autres mots, les consommateurs habituels de cannabis avaient perdu trois ans de développement cognitif à certains niveaux », a dit la chercheuse.

« Le contrôle inhibiteur et la mémoire de travail sont des fonctions très importantes qui sont impliquées dans la prise de décision chez les adultes, dans le contrôle de soi et dans le contrôle du comportement, a expliqué la docteure Conrod. Elles sont aussi impliquées dans les comportements de dépendance. »

Les chercheurs ont également détecté un effet à long terme de l’utilisation du cannabis, à savoir qu’une consommation lors d’une année donnée semblait nuire aux fonctions cognitives l’année suivante.

Faut-il donc en déduire qu’un seul joint fumé cette année pourrait avoir des conséquences jusqu’à l’an prochain ?

« Nous ne l’avons pas mesuré, mais en ce moment, ce n’est vraiment, vraiment pas impossible, a dit la docteure Conrod. D’autres études laissent entendre que même une faible exposition au THC pendant l’adolescence peut interférer avec le développement du cerveau. »

Les conclusions de cette étude ont été présentées lors d’un congrès de l’Association canadienne de neuroscience.