(QUÉBEC) Le quart des 3600 appareils d’imagerie médicale au Québec – servant à réaliser des radiographies, scanners et échographies – sont en mauvais ou en très mauvais état. L’état des appareils de radiothérapie, qui jouent un rôle névralgique dans le traitement de cancers localisés, n’est pas plus reluisant : 17 appareils sur 99 ne sont pas dans un état satisfaisant.

C’est ce que relève le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) dans un document présenté aux cadres au lendemain du budget d’Eric Girard, à la fin de mars. Le constat sur la pérennité des infrastructures porte sur les bâtiments, mais aussi sur les équipements. Il démontre que sur les 3666 appareils d’imagerie médicale, 24 % ne sont pas dans un état satisfaisant. Pour la radiothérapie, on est à 17 % d’appareils en « mauvais ou très mauvais état ».

Mettre à niveau les appareils de radiologie coûterait 280 millions au gouvernement — si un appareil d’échographie peut coûter 100 000 $, les appareils à résonance magnétique coûtent plus d’un million pièce. Pour la radiothérapie, un problème particulier se pose : la plus grande partie du parc a été achetée après la crise de la fin des années 90, où la ministre Pauline Marois avait dû se résoudre à envoyer des patients aux États-Unis. Ils atteindront en même temps la fin de leur vie utile.

31 %: Proportion des 1761 appareils de biologie médicale qui sont dans un état insatisfaisant, tout comme 20 % des 2693 appareils d’inhalothérapie. Les mettre à niveau représente une facture de 80 millions.

Joint par La Presse, Luc Desbiens, sous-ministre adjoint aux infrastructures à la Santé, souligne que ces appareils jugés non satisfaisants ne posent pas de risques pour les patients. « En radio-oncologie, quand on sait, par exemple, qu’un nouveau centre de traitement entrera en activité en 2020, on cesse de remplacer les équipements des établissements avoisinants », observe-t-il. « Leur entretien, la maintenance préventive est maintenue. On étire leur vie utile, mais personne au Québec n’est soigné avec des appareils non conformes », soutient le haut fonctionnaire.

Problème récurrent

Dans le passé, à plusieurs reprises, les vérificateurs généraux du Québec avaient soulevé ce problème. En 2015, la vérificatrice, Guylaine Leclerc, observait qu’en radiothérapie, un appareil sur quatre au Québec n’était pas conforme aux normes. En 2001, le vérificateur Guy Breton constatait que 40 appareils de radiologie étaient installés depuis plus de 25 ans, alors que leur vie utile était normalement de 10 à 18 ans. 

Pour lui, la lecture erronée de l’état d’un patient pouvait entraîner l’administration de doses excessives de rayons X. À l’époque, Gaétan Barrette, alors président de l’Association des radiologistes du Québec, était monté au créneau, dénonçant un parc d’appareils « bons pour la médecine vétérinaire ». Ottawa, alerté, avait injecté 2 milliards pour régler ce problème récurrent à travers le pays.

Joint hier, devenu député, Gaétan Barrette soulignait que cette situation était chose du passé. Les appareils montrés du doigt par le Ministère ne sont pas dangereux, ils sont simplement moins performants que d’autres à la pointe de la technologie. « Vous pouvez avoir une caméra avec des millions de pixels, ça ne veut pas dire que votre vieille Nikon à film ne fonctionne pas », illustre-t-il. Au début des années 2000, la technologie a progressé à pas de géant. Avec un scanner, on pouvait visionner un patient par tranches de 1 cm à l’époque. On est désormais à 1 mm.

De 641 à 826 millions pour les bâtiments

Le ministère de la Santé reprend l’évaluation de son parc immobilier préparé par le Conseil du trésor pour le Plan québécois des infrastructures (PQI). Le MSSS observe que la facture de 641 millions pour les travaux nécessaires pour remettre tous les bâtiments à un niveau « satisfaisant », l’an dernier, est passée depuis à 826 millions.

Ainsi, 12 % des 573 centres hospitaliers ne sont pas dans un état satisfaisant. Les mettre aux normes coûterait 322 millions. C’est pire pour les centres d’hébergement et de soins de longue durée : 22 % des établissements sont en « mauvais ou très mauvais » état. Québec devrait injecter 153 millions pour ces centres.