Les parents d'enfants lourdement handicapés devront se montrer patients : malgré les milliards de surplus dans ses coffres, le gouvernement Legault n'est toujours pas prêt à leur verser l'aide financière maintes fois promise.

Mardi, le premier ministre François Legault et le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, ont réaffirmé une fois de plus leur engagement à réserver 22 millions supplémentaires par an à l'intention des familles comptant un enfant aux prises avec plusieurs handicaps.

Depuis des années, ces familles réclament l'équité financière avec les familles d'accueil.

Questionné à savoir pourquoi cette promesse électorale de la Coalition avenir Québec (CAQ) ne s'était pas matérialisée dans le budget rendu public jeudi dernier, alors que le gouvernement compte les surplus en milliards de dollars, le ministre de la Famille a rejeté le blâme sur l'administration brouillonne des libéraux, au pouvoir jusqu'en octobre. Il dit avoir hérité d'un « bordel » sur le plan administratif, qui complique l'évaluation des handicaps.

Le gouvernement, par l'intermédiaire de Retraite Québec, est en train de faire le tri dans les 40 000 dossiers en attente et de revoir les modalités d'admission au programme.

Mais M. Lacombe s'est fait rassurant. « Tous les dollars qui étaient prévus dans le cadre financier (de la CAQ), 22 millions par année pendant quatre ans, tous ces dollars vont être remis aux familles aussitôt que le programme va être prêt », a assuré le ministre Lacombe, en mêlée de presse, mardi.

Il n'a cependant pas précisé d'échéancier ni expliqué pourquoi le gouvernement n'avait pas eu le temps d'effectuer ce travail de déblayage depuis octobre.

Selon lui, sous le gouvernement précédent, le programme « avait été dessiné sur le coin d'une table », retardant d'autant les échéances.

En Chambre, le premier ministre Legault a pris lui aussi « l'engagement personnel » de verser une aide financière « d'au moins 22 millions » aux parents d'enfants lourdement handicapés, « dès que le programme sera prêt ».

En campagne électorale, il s'était engagé à leur réserver 22 millions par année, dès la première année d'un mandat caquiste.

Depuis le dépôt du budget de jeudi, les familles visées expriment leur grande déception sur la place publique.

La députée caquiste de Soulanges, Marilyne Picard, elle-même mère d'un enfant lourdement handicapé et cofondatrice de l'organisme Parents jusqu'au bout, s'est lancée en politique précisément pour corriger la situation.

Mardi, elle ne baissait pas les bras, ne remettant pas en question les choix budgétaires de son gouvernement. « Je ne suis pas déçue parce que j'ai confiance en l'équipe et je sais qu'on va livrer le plus rapidement possible », a-t-elle commenté en mêlée de presse.

L'opposition libérale, loin de s'amender pour sa gestion passée, a jugé sévèrement le gouvernement dans ce dossier.

« Après la lecture du budget, ces parents comprennent qu'ils ont été trahis. Le gouvernement a laissé tomber ces familles », a tranché la députée de Westmount-Saint-Louis, Jennifer Maccarone.