Le Collège des médecins du Québec ne reconnaît pas l'homéopathie comme un traitement valide. À moins de travailler dans le cadre strict d'un protocole de recherche, un médecin qui prescrirait des produits homéopathiques à un patient contreviendrait à son code de déontologie et s'exposerait à des sanctions.

« Dans un cadre régulier, le médecin ne doit pas recommander des traitements homéopathiques à ses patients », tranche Caroline Langis, relationniste de presse au Collège des médecins. Mme Langis affirme que l'organisation ne s'était jusqu'ici « jamais positionnée directement sur l'homéopathie ». Questionné par La Presse, le Collège estime toutefois qu'une telle pratique irait à l'encontre de plusieurs articles du code de déontologie des médecins, dont celui qui stipule qu'un médecin doit exercer sa profession selon des « principes scientifiques ».

La seule exception concerne une prescription qui serait faite dans le cadre d'un protocole de recherche approuvé par un comité d'éthique. Le médecin devrait alors obtenir le consentement « libre et éclairé » du patient et lui expliquer les « limites » de ce « traitement non reconnu ». Le Collègue des médecins mentionne cinq articles du code de déontologie qui pourraient être violés en cas de prescription de produits homéopathiques faite à l'extérieur d'un protocole de recherche.

- Les articles 6 et 44 stipulent respectivement que le médecin doit exercer sa profession « selon des principes scientifiques » et « selon les normes médicales actuelles les plus élevées possible ».

- L'article 46 stipule que le médecin « doit élaborer son diagnostic avec la plus grande attention, en utilisant les méthodes scientifiques les plus appropriées et, si nécessaire, en recourant aux conseils les plus éclairés ».

- Les articles 47 et 48 affirment que le médecin doit s'abstenir de faire des actes « contraires aux données actuelles de la science médicale » ou d'avoir recours à des traitements « insuffisamment éprouvés, sauf dans le cadre d'un projet de recherche ».

Le Collège des médecins n'a pas été en mesure de préciser si des plaintes avaient déjà été déposées concernant des médecins qui auraient recommandé des produits homéopathiques.

« Ça a pu arriver que des enquêtes du syndic portent sur des médecins qui n'auraient pas respecté les données de la science actuelle, mais il faudrait éplucher chacun des dossiers pour faire ressortir des chiffres par rapport à l'homéopathie », explique Caroline Langis. Le Collège des médecins invite les gens qui se seraient fait prescrire des produits homéopathiques par leur médecin à le contacter.

« On a tous les pouvoirs de poser des questions à nos membres et de voir dans quel contexte cela s'est fait. Il y a des mesures qui peuvent être prises pour protéger le public, il y a des avertissements qui peuvent être faits aux médecins et il peut éventuellement y avoir une plainte en discipline », dit Mme Langis.