Une consultation avec son médecin par téléphone intelligent pour s'assurer qu'une plaie guérit bien ou renouveler un médicament sans devoir se déplacer, n'est-ce pas tentant ? Des organisations médicales nationales se penchent sur toutes les possibilités offertes par les soins virtuels afin de voir comment ils peuvent aider les patients à se faire soigner plus facilement.

L'Association médicale canadienne (AMC), le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (Collège royal) et le Collège des médecins de famille du Canada (CMFC) lancent un groupe de travail pour évaluer comment utiliser la technologie pour mieux servir la population.

Il est non seulement question de consultations médicales à distance, pour éviter qu'un patient en région éloignée ne soit obligé de se déplacer dans un grand centre pour voir un spécialiste, mais aussi d'une multitude de rendez-vous de suivi qui pourraient se faire à l'aide d'un simple téléphone intelligent - pour une plaie ou un problème de peau comme l'eczéma, a expliqué Yanick Beaulieu, un médecin et entrepreneur qui collabore depuis quelques années avec l'AMC au sujet des soins virtuels. « Pour amener dans l'univers médical des technologies pensées par des médecins », dit-il.

Il s'agit ici d'utiliser nos appareils de tous les jours, comme les téléphones et les tablettes, explique-t-il. Pour des consultations médicales en direct, mais aussi pour obtenir des résultats de laboratoires ou de l'information sur le suivi à apporter à une condition médicale, précise-t-il. Il n'est pas juste question de télé-médecine, les possibilités étant beaucoup plus vastes.

Un rendez-vous de suivi peut être fait en envoyant des photos par des canaux sécurisés, explique-t-il.

« Et donc, pas besoin de manquer une demi-journée de travail pour un rendez-vous.

"Ça peut bénéficier à tout le monde », soutient le cardiologue et intensiviste, qui travaille à l'hôpital Sacré-Coeur et à l'Institut de cardiologie de Montréal. Et tout particulièrement aux personnes âgées et à celles à mobilité réduite.

D'ailleurs, selon lui, de 60 à 70 % des suivis pour des conditions chroniques peuvent être faits à distance.

Ces possibilités s'ajouteraient à l'offre de soins existante et ne seraient évidemment pas la solution dans tous les cas, notamment quand des examens physiques doivent être faits.

Et il faut aussi s'assurer de la confidentialité et de la rigueur du système : les rendez-vous doivent être bien documentés au dossier du patient, précise le docteur Beaulieu. Cela fera partie du mandat du groupe de travail.

Les trois organisations médicales souhaiteraient aussi se débarrasser des frontières provinciales : des médecins de Toronto pourraient ainsi offrir des consultations à des communautés en Nouvelle-Écosse, si des patients orphelins de médecins s'y trouvent. Elles veulent ainsi évaluer la faisabilité d'un permis d'exercice valide partout au Canada.

Le groupe de travail anticipe avoir terminé ses travaux d'ici la fin de 2019 et formulera ensuite des recommandations.

Il sera composé de représentants d'organismes de réglementation, d'organisations médicales et de soins de santé ainsi que de l'industrie de la cybersanté, entre autres experts.