Près d'une semaine après que le Collège des médecins du Québec ait manifesté son ouverture afin d'autoriser les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) à accomplir certains gestes auparavant réservés aux médecins, l'Institut économique de Montréal (IEDM) applaudit l'initiative, mais affirme qu'il faudra donner encore plus d'autonomie aux « super-infirmières » si on veut désengorger le système de santé.

Dans une publication mise en ligne jeudi, Patrick Déry, analyste senior en politiques publiques à l'IEDM, un groupe de réflexion de droite, affirme que de permettre aux patients d'avoir recours aux super-infirmières lorsqu'ils sont confrontés à certaines maladies chroniques, « est un bon premier pas, mais qu'on ne doit pas s'arrêter là ».

Malgré la récente ouverture, « des barrières demeurent, et les Québécois n'ont toujours pas accès aux pleines compétences des IPS », indique l'analyste dans son rapport.

Patrick Déry s'appuie notamment sur une étude de l'American College of Physicians - une association de médecins - qui conclu que de 60 à 90 % des soins de première ligne pouvaient être prodigués par des infirmières, alors que la récente décision du Collège des Médecins ne permet aux IPS que de diagnostiquer des problèmes de santé courants spécifiques et six maladies chroniques.

La résolution adoptée vendredi dernier par le conseil d'administration du Collège des médecins du Québec propose en effet de permettre aux IPS de diagnostiquer des problèmes de santé reliés au diabète, à l'hypertension, l'hypercholestérolémie, l'asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique et l'hypothyroïdie.

La résolution adoptée par le Collège des médecins devrait être inscrite officiellement dans les livres lors du prochain conseil d'administration du Collège en avril.

Moins de super-infirmières au Québec

Dans sa publication, l'IEDM déplore aussi le fait qu'il y a moins d'infirmières praticiennes spécialisées au Québec que dans le reste du Canada.

« Malheureusement, le Québec est, dans tout le Canada, l'endroit où il y a le moins de super-infirmières en proportion de la population », indique l'analyste Patrick Déry.

Selon l'Institut économique de Montréal, la province comptait à peine 5 infirmières praticiennes par tranche de 100 000 habitants en 2017 alors que la moyenne canadienne était de 15.

« Les super-infirmières sont qualifiées pour assurer un large éventail de soins, ce qui peut libérer les médecins de certaines tâches et augmenter l'accès pour les patients », souligne l'auteur du rapport qui indique aussi que la formation des infirmières au Québec est celle qui comporte « le plus grand nombre d'heures d'enseignement, tant théorique que clinique. »

L'analyste senior en politiques publiques à l'IEDM réclame également que d'autres professionnels de la santé puissent avoir plus de pouvoirs afin « d'exercer leurs pleines compétences ».

Patrick Déry fait ainsi référence aux pharmaciens « qui sont les seuls au Canada à ne pas pouvoir administrer des vaccins » et aux hygiénistes dentaires, « qui ne peuvent exercer leur métier sans être supervisées par un dentiste. »

L'auteur du groupe de réflexion de droite conclut sa publication en indiquant que « l'objectif n'est pas d'opposer certains professionnels de la santé à d'autres, mais bien d'assurer le meilleur accès possible aux soins ».