Le Québec se modernise en permettant aux patients d'avoir recours aux super infirmières lorsqu'ils sont confrontés à des maladies chroniques et à des problèmes de santé courants, sans avoir à faire valider le diagnostic par un médecin.

Le Collège des médecins du Québec a ainsi manifesté son ouverture afin d'autoriser les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) à accomplir certains gestes auparavant réservés aux médecins.

La résolution adoptée vendredi par le conseil d'administration du collège propose de permettre aux IPS de diagnostiquer des problèmes de santé courants spécifiques et six maladies chroniques. Il fait référence au diabète, à l'hypertension, l'hypercholestérolémie, l'asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique et l'hypothyroïdie.

Le docteur Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins, dit que ces infirmières vont pouvoir diagnostiquer le problème, amorcer un traitement et amorcer un suivi. « Elles pourront toujours diriger le patient vers un médecin lorsque nécessaire, un peu à l'image de ce qui se fait déjà lorsqu'un médecin de famille demande une consultation avec un médecin spécialiste pour son patient », précise-t-il.

Il affirme que ce changement de cap du Collège des médecins s'explique par les conclusions du groupe de travail formé pour se pencher sur la question qui a dissipé les inquiétudes quant à la formation, à la qualité et à la sécurité des soins.

Un premier pas dans la bonne direction

À l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ), sa présidente Christine Laliberté y voit un pas dans la bonne direction. Elle qualifie même cette ouverture du Collège des médecins de « moment historique », sans toutefois crier victoire.

Pour Mme Laliberté, il reste encore beaucoup de rattrapage à faire par rapport aux pratiques des super infirmières ailleurs au pays.

Elle souligne d'ailleurs que ce ne sont pas toutes les 500 les infirmières praticiennes spécialisées au Québec qui travaillent en première ligne. Il y a donc de la déception parmi les IPS qui oeuvrent dans des spécialités, comme en néonatalogie, en cardiologie ou en néphrologie. La présidente de l'AIPSQ croit que leurs compétences auraient pu être mises à contribution pour désengorger le réseau public de la santé.

Celui qui était à la table des discussions avec le Collège des médecins, le président de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), Luc Mathieu, croit aussi qu'il faille poursuivre les pourparlers. Il estime que le collège devra éventuellement voir plus grand et sortir de la logique « des listes de diagnostics », puisque la pratique de la médecine et des soins infirmiers évolue constamment.

Pour M. Mathieu, cela impliquerait de réviser continuellement la liste en question. Selon lui, il faudrait plutôt se fier aux compétences des infirmières praticiennes spécialisées, qu'elles pratiquent en soins de première ligne ou aux côtés des médecins spécialistes.

Le président de l'OIIQ souligne que la formation des IPS est déjà la plus costaude et la plus complète au Canada.

Néanmoins, Luc Mathieu salue la décision du Collège des médecins de modifier sa position à l'égard du diagnostic.

Il y voit « une ouverture sans précédent qui va avoir un impact sur les soins au Québec ».

Satisfaction à Québec

L'ouverture manifestée par le Collège des médecins réjouit aussi la ministre de la Santé Danielle McCann, qui a croisé Mauril Gaudreault samedi matin à Montréal dans la foulée de multiples entrevues avec les médias. Celle-ci lui a fait part de sa grande satisfaction, selon le Dr Gaudreault.

Il reste maintenant à modifier le règlement en vigueur sur les IPS, mais il ne s'agit que d'une formalité selon M. Gaudreault qui précise que ce sera inscrit officiellement dans les livres lors du prochain conseil d'administration du Collège des médecins en avril.