La crise de la laitue romaine qui a frappé l'Amérique du Nord durant plus d'un mois avant Noël a nécessité un véritable travail de détective avant de parvenir à trouver le foyer de contamination à E. coli dans une ferme en Californie. Même s'ils n'ont pas tous frappé l'imaginaire de la même manière, environ 320 rappels alimentaires ont été réalisés au Canada l'an dernier. Armée d'un nouveau règlement sur la salubrité des aliments, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) espère accélérer le retrait des denrées insalubres des tablettes.

Pour y parvenir, la majorité des entreprises alimentaires seront désormais obligées de mettre en place des registres de traçabilité. « Tout le monde aura besoin d'avoir un système de traçabilité où chaque individu dans la chaîne de vente et d'achat va savoir à qui il a acheté et à qui il a vendu », a expliqué Aline Dimitri, directrice générale de la direction des sciences de la salubrité des aliments à l'ACIA.

Selon le chien de garde de l'alimentation au Canada, un simple éleveur de poulets vend typiquement ses bêtes à 28 fabricants, qui fournissent ensuite 18 détaillants, qui écoulent à leur tour 834 produits différents ensuite consommés par des millions de personnes.

Prévenir plutôt que réagir

Les entreprises devront aussi se doter d'un plan pour prévenir et gérer les risques de contamination. « Ce n'est plus juste de réagir à un problème, c'est de forcer tout le monde à réfléchir aux problèmes potentiels pour les éviter avant même qu'ils ne deviennent une réalité », a expliqué Mme Dimitri.

Le nouveau règlement est entré officiellement en vigueur mardi, mais certaines exigences seront adoptées de manière graduelle au cours des 30 prochains mois. Il s'agit d'une véritable révolution, puisque 14 règlements sont désormais remplacés par un seul.

D'ici 2022, toutes les entreprises alimentaires devront s'enregistrer auprès du gouvernement fédéral. À l'heure actuelle, ce ne sont pas tous les acteurs de l'industrie qui ont l'obligation de le faire.

« Un changement fondamental »

« Grosso modo, lorsqu'on regarde un supermarché, les rangées qui se trouvent à l'extérieur, comme les produits laitiers et les viandes, on avait tendance à les connaître, tandis que ce que l'on retrouve généralement dans les rayons intérieurs, comme les biscuits ou les gâteaux, ils n'étaient pas enregistrés avec nous », illustre Aline Dimitri.

« C'est un changement fondamental, ajoute-t-elle. Tout le monde dans l'alimentation est sur un pied d'égalité. Les exigences seront les mêmes, qu'on produise un fruit, une viande, un biscuit ou un gâteau. »

Selon l'Agence canadienne d'inspection des aliments, une simple pizza surgelée contient généralement 35 ingrédients en provenance de 60 pays (oui, 60), alors qu'un riz frit contient typiquement 28 ingrédients provenant de 5 pays.

Avec ce règlement, les importateurs devront maintenant s'inscrire auprès de l'Agence. Ils devront, comme les entreprises qui distribuent des denrées produites au pays, adopter un registre de traçabilité et un plan de contrôle préventif. « Au niveau de l'import, ça va changer la donne », dit Aline Dimitri.