(Montréal) Les trois quarts des Québécois trouvent que les conditions de travail des employés dans les résidences pour personnes âgées sont « médiocres » et qu’elles ont des répercussions sur la qualité des soins et services.

Et les Québécois sont encore plus nombreux à croire que le gouvernement devrait carrément décréter des conditions de travail « minimales » pour ces salariés dans les résidences pour aînés, afin d’améliorer la situation.

Ces données ressortent d’un sondage Léger, qui a été commandé par le Syndicat québécois des employés de service, affilié à la FTQ. Ce syndicat représente des préposés aux bénéficiaires et autres salariés qui travaillent auprès des personnes âgées, tant dans le secteur public que dans les résidences privées.

Plus précisément, 74 % des Québécois se sont dits d’accord avec l’énoncé voulant que les travailleurs dans les résidences pour personnes âgées ont des conditions de travail « médiocres ».

Et quand on leur a soumis l’énoncé « il est normal que le personnel auprès des personnes âgées soit payé au salaire minimum », seuls 8 % se sont dits d’accord.

Certains des membres du SQEES qui travaillent dans des résidences privées pour personnes âgées sont présentement en grève pour obtenir 15 $ l’heure et 1 $ l’heure d’augmentation par année. À l’heure actuelle, ils gagnent environ 13,50 $ l’heure pour s’occuper de personnes âgées. Au Québec, le salaire minimum est de 12,50 $ l’heure.

« Que les gens disent que ce soit médiocre, les conditions de travail, je ne suis pas surprise. Quand les gens vont visiter leurs parents, ils voient bien que les travailleurs, il en manque. Ils ne voient jamais les mêmes travailleurs, à cause du taux de roulement. Oui, les gens s’en aperçoivent bien », a commenté en entrevue la présidente du SQEES, Sylvie Nelson.

De même, 87 % des répondants croient que les mauvaises conditions de travail ont des répercussions sur la qualité des soins et services aux aînés.

« Ce qui est intéressant pour nous, c’est que la population reconnaît la valeur du travail de ces gens-là. Ce n’est pas tout le monde qui est capable d’aller travailler dans une résidence pour personnes âgées », a souligné Mme Nelson.

Décréter les conditions

De plus, 89 % estiment que le gouvernement devrait carrément décréter des conditions de travail minimales dans les résidences pour aînés, afin d’améliorer la situation.

Il s’agit là d’une demande du SQEES. Il existe 15 de ces décrets au Québec. Un décret de convention collective permet de donner des conditions de travail minimales aux employés de tout un secteur d’activité, qu’ils soient ou non syndiqués, même s’ils ont des employeurs différents. Il en existe présentement dans l’entretien d’édifices publics et dans les agences de sécurité, par exemple.

Mme Nelson estime que le gouvernement doit intervenir, même s’il s’agit d’entreprises privées. « Déjà, le gouvernement, les ministères, ils ont le pied dans la porte, là, en établissant les normes, les pratiques, en louant des lits, des places dans ces résidences-là », fait-elle valoir.

Le sondage Léger a été réalisé par internet auprès de 1004 adultes québécois, du 30 août au 2 septembre. Il comporte une marge d’erreur de 3,09 %, 19 fois sur 20.