(Montréal) Au lancement de sa 11e campagne de financement « Mémo-mamo », samedi, la Société canadienne du cancer porte une attention particulière aux femmes pauvres et issues de l’immigration, encore trop nombreuses à ne pas se soumettre à un test périodique de dépistage du cancer du sein.

Les quinquagénaires et sexagénaires sont invitées à passer une mammographie tous les deux ans afin de détecter rapidement ce cancer, qui est le plus fréquent et le deuxième plus meurtrier chez les femmes.

Or, plus du tiers des Québécoises âgées de 50 à 69 ans ne participent pas au Programme de dépistage de cancer du sein (PQDCS), dont les lettres servent d’ordonnances afin de prendre gratuitement rendez-vous pour une mammographie, sans passer par un médecin.

À Montréal, cette proportion passe à une femme sur deux, ce qui porte la Société canadienne du cancer à s’intéresser à la barrière de la langue, au manque de littératie et aux autres obstacles à ses messages de sensibilisation.

L’organisme compte dorénavant adapter ses efforts pour mieux atteindre les « femmes issues de communautés ethnoculturelles et de statut socio-économique faible », entre autres.

« Ces femmes vont recevoir la lettre du programme de dépistage, mais il y a tout de même une barrière au niveau de la compréhension de l’information. On veut davantage essayer de rentrer en communication avec ces communautés à l’avenir », affirme Véronique Gallant, gestionnaire de programme au département de la prévention et de la promotion de la santé.

Pour ce faire, la Société canadienne du cancer misera notamment sur du matériel d’information allégé, sur le bouche-à-oreille et sur la création de nouveaux partenariats pour diffuser son message, précise Mme Gallant.

Des mythes persistants

En parallèle de ces efforts plus ciblés, la Société canadienne doit toujours lutter contre certaines craintes entourant les mammographies.

Dominique Synnott, chirurgienne en oncologie et en traumatologie à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, identifie trois principales sources de réticence.

« Ça a l’air assez curieux, mais la principale crainte des patientes est d’avoir un cancer du sein. Elles jouent à l’autruche », relève-t-elle.

Pourtant, le traitement du cancer du sein est d’une efficacité presque absolue lorsqu’il est entamé dès le stade 1.

L’appréhension d’une procédure douloureuse est également très répandue, mais une mammographie entraîne seulement « un inconfort qui dure quelques secondes », indique Dominique Synnott.

Le troisième cas de figure est celui des femmes en bonne santé qui se croient à l’abri de la maladie.

« On ne connaît pas les causes du cancer du sein, on ne connaît que les facteurs de risque, souligne la chirurgienne. Et les pires facteurs de risque, c’est d’être une femme et d’avoir sa fête chaque année. »

Quelque 27 000 Canadiennes, dont 6600 Québécoises, reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année.

Manger santé et rester active ne suffit pas, insiste Dominique Synnott. Et s’autoexaminer non plus.

« Vous ne pouvez pas palper une lésion de 4 millimètres, c’est impossible. N’attendez pas de palper quelque chose, consultez ! »

Dans le cadre de la campagne « Mémo-mamo », des porte-clés illustrant la taille des lésions décelées à l’aide d’une mammographie comparativement à un auto-examen seront vendus jusqu’au 10 janvier au coût de 5 $ dans les pharmacies Jean Coutu du Québec.