Des professionnels en soins palliatifs à domicile accusent la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) de freiner le déploiement de leur pratique.

« C’est absurde. Il y a des besoins criants sur le terrain », affirme la Dre Geneviève Dechêne, médecin de famille à Verdun. D’autres professionnels en soins palliatifs à domicile, regroupés dans une Coalition, plaident pour que la pratique soit étendue rapidement.

À la FMOQ, on assure que ces accusations sont « complètement fausses et farfelues ». « Je suis furieux du message lancé. Ce n’est pas la FMOQ qui bloque ça », affirme le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin.

À qui la faute ?

Au cours des 18 derniers mois, une vingtaine d’équipes ont déposé des propositions afin de déployer des soins palliatifs à domicile dans leur région, affirme la Dre Dechêne. Mais selon elle, rien ne bouge, car « la FMOQ bloque ». « C’est un scandale », dit-elle.

À la FMOQ, on affirme souhaiter le déploiement des soins palliatifs à domicile. On explique qu’en juillet 2018, un accord-cadre a été conclu avec Québec et que des sommes ont été réservées pour rémunérer les omnipraticiens faisant des soins intensifs à domicile, dont des soins palliatifs. Il a été déterminé que 68 groupes de médecins de famille desserviraient l’ensemble de la province.

Mais selon le Dr Godin, aucune des propositions de médecins déposées jusqu’à maintenant pour offrir des soins intensifs à domicile « ne correspond au modèle que nous demande le gouvernement ». Le Dr Godin explique par exemple avoir reçu des propositions où le nombre de médecins était trop peu élevé, et le nombre de patients desservis, trop faible. Selon le Dr Godin, la FMOQ attend depuis l’automne 2018 que le gouvernement lui présente de nouveaux modèles possibles. « Quand j’entends que c’est la fédération qui bloque, je ne suis pas content. C’est complètement faux », dit-il.

Service demandé

La Dre Dechêne réplique qu’il est faux de dire que des modèles précis doivent être proposés par les médecins désirant offrir des soins palliatifs à domicile. « Il s’agit d’exigences non écrites que la FMOQ applique pour freiner le développement de la pratique », dit-elle. Selon elle, l’entente initiale avec Québec prévoyait justement de ne pas aller trop loin dans la définition des modèles de soins intensifs à domicile « afin de laisser les équipes se créer ».

La Dre Dechêne affirme que 80 % des patients en fin de vie souhaitent finir leurs jours à domicile et que la loi sur les soins de fin de vie prévoit que ceux qui le désirent puissent le faire. Or, très peu de gens peuvent encore à ce jour recevoir des soins palliatifs à domicile au Québec, dit-elle.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on mentionne que les modalités de la lettre d’entente 336, portant sur la Prestation continue de services médicaux dans le cadre du Programme des soins intensifs à domicile (SIAD) en CLSC, « sont actuellement en révision par les parties ». « Dans l’intervalle, il a été convenu de surseoir à l’adhésion de nouvelles équipes », affirme le MSSS.