Les autorités médicales américaines ont dévoilé vendredi midi qu’elles avaient trouvé un composé suspect, l’acétate de vitamine E, dans les poumons de victimes de la vague de pneumonies liées au vapotage. De plus, le problème semble lié au THC de contrefaçon obtenu sur le marché noir.

Agent de viscosité

« C’est une percée », a dit Anne Schuchat, directrice adjointe aux Centres de contrôle des maladies (CDC) du gouvernement américain, pendant une conférence de presse téléphonique vendredi. « C’est la première fois qu’on identifie une toxine potentielle dans des échantillons biologiques des patients, pris dans l’endroit où la blessure a eu lieu, les poumons. Jusqu’à maintenant, nous n’avions identifié l’acétate de vitamine E que dans des échantillons de liquides pour vapoteuses. » L’acétate de vitamine E, utilisé comme « agent de viscosité » pour vapoter du THC, ingrédient actif du cannabis, a été retrouvée dans du liquide pulmonaire de tous les 29 patients testés. Ce liquide a été recueilli dans le cadre de soins cliniques pour la pneumopathie, aux quatre coins des États-Unis.

Brûlures et surfactants

Le mois dernier dans le New England Journal of Medicine, une étude a rapporté que les victimes d’EVALI (nom scientifique de cette vague de pneumopathies graves) avaient des brûlures aux poumons. L’acétate de vitamine E peut-il brûler les poumons ? « On pense plutôt qu’il y a une interaction négative avec les surfactants », dit la Dre Schuchat. Ces surfactants empêchent les alvéoles pulmonaires de se replier. L’immaturité de la production de surfactants fait par exemple partie des problèmes des bébés nés très prématurément.

Marché noir

Une autre analyse, menée en Illinois, a montré que le risque de pneumopathie grave était particulièrement élevé, entre 8,5 et 9,2 fois plus élevé, pour les vapoteurs qui ont vapoté du THC de contrefaçon appelé « Dank Vapes », ou qui se sont procuré du THC auprès de « sources informelles ». Cette analyse a comparé les habitudes de 66 victimes d’EVALI avec celles de 4600 vapoteurs, dont 600 qui vapotaient au cannabis. « Le risque semble être beaucoup plus grand si le vapotage de THC implique des produits achetés de manière informelle », a dit la Dre Schuchat.

THC dans les poumons

Du THC a été également retrouvé dans le liquide pulmonaire de 23 des 29 patients. Cela ne veut pas dire que les six autres malades n’ont pas vapoté du THC, a prévenu Benjamin Blount, l’un des chercheurs des CDC qui ont mené l’analyse. « On ne s’attend pas à retrouver du THC dans les poumons, mais dans l’urine, alors c’est une proportion très élevée », a dit M. Blount. L’analyse de l’Illinois a montré que les vapoteurs qui prenaient du THC plus de quatre fois par jour ont trois fois plus de risque d’EVALI. Mais il est encore trop tôt pour parler de risque plus élevé avec une dose plus forte ou fréquente, selon la Dre Schuchat.