(Montréal) Une pression artérielle élevée dès l’âge de 36 ans menace la santé du cerveau des dizaines d’années plus tard, ont constaté des chercheurs britanniques.

Les chercheurs ont recruté 502 sujets tous nés la même semaine en 1946 et qui ne présentaient aucun signe de démence au début de l’étude. Quatre cent soixante-cinq d’entre eux ont subi une scintigraphie du cerveau et leur pression artérielle a été mesurée à 36, 43, 53, 60-64 et 69 ans.

La scintigraphie a cherché des traces d’amyloïde, une protéine étroitement associée à la maladie d’Alzheimer ; a mesuré la taille du cerveau, ce qui témoigne de sa santé ; et a vérifié la présence de dommages aux vaisseaux sanguins cérébraux.

Les chercheurs ont constaté qu’une pression artérielle élevée à l’âge de 53 ans, et une hausse plus rapide de la pression entre 43 et 53 ans étaient associées à davantage de signes de dommages aux vaisseaux sanguins ou de « mini accidents vasculaires cérébraux » vers l’âge de 70 ans.

De plus, une pression artérielle plus élevée à l’âge de 43 ans, et une hausse plus rapide de la pression entre 36 et 43 ans étaient associées à des volumes cérébraux plus petits.

« Ça précise qu’il y a une période à mi-vie, entre 40, 50 et 60 ans où, lorsqu’on a une pression artérielle élevée, indépendamment rendu plus tard vers 70 ans, indépendamment de la pression artérielle à 70 ans, le fait d’avoir eu une pression plus élevée plus tôt dans la vie a un impact négatif sur la santé du cerveau », a expliqué le chercheur Patrice Brassard, du Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

En d’autres termes, même si la pression artérielle est bien contrôlée à 70 ans, il sera possiblement déjà trop tard puisque les dégâts causés par l’hypertension plus tôt pendant la vie seront déjà présents.

« C’est certain que ceux qui restent avec une pression élevée à 70 ans, ça va être pire, mais le poids des années avec une pression artérielle élevée est définitivement négatif pour le cerveau », a ajouté M. Brassard.

En revanche, dans cette étude, la pression artérielle n’a pas été associée à la protéine amyloïde et ne semblait pas prédire la présence de problèmes de mémoire ou de raisonnement vers 70 ans.

L’auteur principal de l’étude, le professeur Jonathan Schott de l’Institut de neurologie UCL Queen Square, a expliqué par voie de communiqué que ces travaux démontrent que « la pression artérielle, même pendant la trentaine, peut avoir des répercussions sur la santé du cerveau quatre décennies plus tard ».

L’hypertension est un des facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires les plus faciles à modifier, notamment en adoptant une meilleure alimentation, en cessant de fumer, en contrôlant le stress et en faisant de l’exercice. Les individus ayant des antécédents familiaux d’hypertension devraient aussi être particulièrement vigilants.

« Il faut prendre conscience que plus tard, même si on ne sent rien tout de suite, il peut y avoir des problèmes et c’est assez débilitant d’avoir des problèmes au niveau du cerveau, la démence…, a dit Patrice Brassard. Bien entendu, pour la personne de 35 ans qui ne sent rien, c’est difficile à comprendre, c’est difficile à percevoir tout ça. »

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical The Lancet Neurology.