(Québec) Au Québec, les victimes de traumatismes physiques sont trois fois plus à risque d’en mourir si elles sont soignées en milieu rural plutôt qu’en ville, constatent des chercheurs de l’Université Laval.

Le docteur Richard Fleet et ses collègues ont analysé des données provenant de 26 urgences d’hôpitaux situés dans des agglomérations de moins de 15 000 habitants et de 33 centres de traumatologie urbains.

Les détails de leur étude sont présentés dans une récente édition de la revue scientifique BMJ Open.

Les chercheurs ont étudié 80 000 cas d’accidents survenus sur une période de quatre années au Québec. Ces accidents résultaient de chutes (66 %), d’accidents de la route (19 %) ou d’autres causes variées (15 %). 9 % des patients ont été soignés dans des hôpitaux situés dans des agglomérations de moins de 15 000 habitants alors que tous les autres patients ont été traités dans des centres spécialisés en traumatologie.

En tenant compte des variables pouvant influencer les résultats comme l’âge des patients et la gravité de leurs blessures, les auteurs arrivent à la conclusion que le risque de mortalité est 3,4 fois plus élevé chez les patients traités dans les urgences situées hors des centres urbains.

Le professeur Fleet explique dans un communiqué que le principal facteur pouvant expliquer ces statistiques défavorables est probablement le plus long délai entre l’appel 911 et l’arrivée du patient à l’urgence en raison des distances plus grandes en milieu rural. Il souligne que « les données montrent […] clairement qu’une portion importante des décès survient dans la phase préhospitalière, ce qui pointe vers l’importance de réduire les temps d’intervention préhospitaliers via des changements dans les moyens de transport, par le recours aux hélicoptères par exemple, ou dans la formation et le suivi des ambulanciers ».

Les données récoltées par l’équipe de recherche montrent aussi que les milieux ruraux sont moins bien desservis par les spécialistes et moins équipés que les centres urbains.

Au chapitre des spécialistes, les chercheurs ont constaté qu’en région 35 % des hôpitaux n’ont pas d’anesthésiste ; 27 % n’ont pas de chirurgien général ; 62 % n’ont pas de spécialiste en médecine interne ; et aucun n’a de neurologue. Au chapitre des services et de l’équipement, les chercheurs ont constaté qu’en région 23 % des hôpitaux n’ont pas d’unité de soins intensifs ; 31 % n’ont pas d’appareil de tomodensitométrie (CT scan) ; et aucun n’a d’appareil d’imagerie par résonance magnétique.

L’étude ne permet toutefois pas d’établir de lien entre l’absence de médecins spécialistes, le manque d’équipement et le taux de mortalité, a dit le docteur Fleet.

Au Québec, environ 60 % des urgences d’hôpitaux situés en région sont à plus de 150 kilomètres d’un centre spécialisé en traumatologie.