(Québec) Les partis d’opposition n’osent pas critiquer les consultations à huis clos du gouvernement sur la santé mentale des jeunes.

Lundi, les journalistes ont été évincés du forum Jeunes et santé mentale, qui se tenait au Séminaire de Québec, car, selon le ministère de la Santé, les intervenants préféraient passer la journée à échanger en privé.

En demandant aux journalistes de partir, la sous-ministre adjointe Lyne Jobin a dit vouloir « rassurer » les quelque 200 experts, chercheurs, médecins, jeunes souffrant de troubles mentaux et leur famille qu’ils pouvaient s’exprimer en toute liberté et confidentialité.

Ces consultations doivent éventuellement mener à la bonification et à la mise à jour du Plan d’action en santé mentale annoncé par l’ancien gouvernement libéral pour la période 2020-2025.

La porte-parole libérale en matière de services sociaux, Hélène David, avait proposé en décembre dernier de mener une vaste réflexion sur l’enjeu de la santé mentale, qu’elle estime être le « mal du siècle ».

Elle citait entre autres les problèmes de stress et d’anxiété à l’école. Par exemple, selon les chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, le nombre d’élèves au secondaire ayant un niveau élevé de détresse psychologique a grimpé de huit points de pourcentage en six ans, passant de 21 à 29 %.

La ministre de la Santé, Danielle McCann, a plutôt opté pour un forum d’un jour, qui s’est finalement tenu à huis clos, lundi. Un deuxième forum, sur la santé mentale des adultes et des personnes âgées, est prévu cet automne. Il sera suivi d’une consultation satellite à l’hiver 2020.

« Ce sont des sujets qui doivent être abordés publiquement, mais dans ce cas-ci, quand il y a beaucoup de gens affectés eux-mêmes par des problèmes de santé mentale, c’est plus délicat », a affirmé Mme David en entrevue téléphonique.

Le député péquiste Sylvain Gaudreault a également rapporté avoir entendu des témoignages « difficiles ». « Je ne sais pas si ça se serait passé de la même manière avec les caméras. »

Il déplore cependant l’absence de pistes de solutions concrètes à ce stade-ci des consultations.

La formule retenue était la bonne, croit également Sol Zanetti, député de Québec solidaire. Mais il émet un bémol. « Aujourd’hui, la question ne sera pas vidée. […] Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas là. Je pense que c’est le début d’un dialogue. »

Dans son allocution d’ouverture lundi, Mme McCann a dit viser à faire en sorte que les jeunes éprouvant des problèmes de santé mentale obtiennent les services et les soins dont ils ont besoin, ce qui n’est pas toujours le cas actuellement.

Plus tard, dans un communiqué, elle a annoncé que son gouvernement investira 40 millions afin d’améliorer les services en santé mentale pour les jeunes et réduire les listes d’attente.