Éduc'alcool s'inquiète des conséquences de la consommation combinée d'alcool et de cannabis.

L'organisme estime qu'il n'a pas été suffisamment question dans l'espace public de ce qu'il qualifie de « synergie renforçatrice qui existe entre ces deux produits ».

« Comme c'est la première fois qu'à Noël et au Nouvel An le cannabis est légal au Canada, il nous a semblé important de mettre les gens en garde contre le fait que, lorsqu'on consomme de l'alcool et du cannabis en même temps, les effets de l'un et de l'autre ne s'additionnent pas ; ils se multiplient », a fait savoir le directeur général d'Éduc'alcool, Hubert Sacy, en entrevue avec La Presse canadienne.

Dans une publication mise en ligne sur son site, Éduc'alcool fait valoir qu'avec la combinaison des effets dépresseurs de l'alcool et du cannabis « le jugement, le temps de réaction et la coordination sont particulièrement affectés - la conduite automobile est absolument contre-indiquée ».

La publication, intitulée Alcool et cannabis : un bien mauvais mélange, base ses recommandations sur une série d'études réalisées depuis plusieurs années et dont les références sont facilement repérables dans le texte.

Cannabis avant alcool

On y décrit notamment la possibilité d'effets différents selon l'ordre de consommation.

« Si l'on tient absolument - même si c'est une mauvaise idée - à consommer de l'alcool et du cannabis, il est préférable de commencer par le cannabis et de passer à l'alcool ensuite, plutôt que de commencer à boire, puis de fumer, explique Hubert Sacy. Quand on commence par boire de l'alcool, ça dilate les vaisseaux sanguins et, donc, le cannabis entrera très fort dans notre corps, tandis que, si l'on commence par le cannabis, ça ralentira l'ingestion de l'alcool lorsqu'on prendra de l'alcool après. »

Autrement dit, la présence d'alcool dans l'organisme avant de fumer du cannabis augmente davantage le taux de THC dans le sang que lorsqu'une même quantité de cannabis est consommée sans ingestion d'alcool. Et les molécules du cannabis sont absorbées dans le système sanguin plus rapidement après qu'il y eut eu consommation d'alcool.

Hubert Sacy insiste toutefois sur le fait que le mélange des deux substances comporte des risques importants, « peu importe l'ordre de consommation ou qu'il y ait consommation simultanée », et qu'il suffit d'avoir 40 milligrammes d'alcool dans le sang - soit la moitié de la limite légale - et de ne fumer qu'un seul joint pour ressentir l'effet équivalent à une alcoolémie de plus de 80 milligrammes. Plus encore, il rappelle que, de toute façon, il est illégal de conduire avec la moindre trace de cannabis dans le sang.

Selon lui, la modération demeure le meilleur guide en la matière, tant du côté du cannabis que de celui de l'alcool.

« Si l'on prend trop de cannabis, notre corps quand on a trop bu réagit en faisant vomir parce qu'on a trop bu, mais le cannabis risque d'empêcher le vomissement et être encore plus dangereux. »

Limites de la recherche

M. Sacy reconnaît les limites des études réalisées jusqu'à maintenant, notamment en ce qui a trait aux effets de concentrations variables de THC - l'ingrédient qui cause l'euphorie - dans les produits en vente légale.

« Il est vrai que vous avez des produits du cannabis à plus bas taux de THC, comme vous avez des produits à bas taux d'alcool. Vous avez des vins qui sont à 11 % d'alcool et d'autres qui sont à 17 % d'alcool. Mais les principes de base sont les mêmes », rappelle-t-il, en matière de combinaison des deux substances.

De même, les recherches actuelles n'ont pas permis de jeter un éclairage sur les sous-produits du cannabis.

« Toutes les recherches citées dans notre publication sont relatives à du cannabis fumé et non à du cannabis mangé, bu ou vaporisé. Il n'existe pas encore de recherches sérieuses et fiables pour pouvoir donner des indications lorsque le cannabis n'est pas fumé », a-t-il reconnu.