En campagne électorale, le chef caquiste François Legault s'était engagé à créer 20 maisons Gilles-Carle en dix ans, mais depuis, le discours du gouvernement a changé.

Dans une entrevue exhaustive avec La Presse canadienne, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a tenu des propos beaucoup plus nuancés sur une éventuelle intervention du gouvernement.

Rappelons que la Fondation Gilles-Carle, dirigée par la veuve du défunt cinéaste, Chloé Sainte-Marie, a inauguré sa première maison en 2012 à Cowansville, dans le but d'offrir du répit aux aidants naturels.

M. Legault s'était présenté devant les caméras le 4 septembre dernier avec Mme Sainte-Marie, en promettant que la contribution de Québec serait dorénavant de 1,3 million pour la construction, et 4,3 millions annuellement pour le fonctionnement de ces centres de répit multiservices.

« C'est un beau modèle. On va créer 20 maisons comme celle-là. Cowansville va servir de modèle à 19 autres maisons dans les différentes régions du Québec », avait-il dit aux journalistes.

Aujourd'hui, la ministre Blais reste plutôt évasive, et semble réduire le rôle du gouvernement à celui de dispenser des soins de santé. Elle précise que les maisons Gilles-Carle devront impérativement naître d'une initiative citoyenne.

« Il faut que ce soit la communauté qui ait envie de mettre la main à la pâte pour se doter d'une maison, a-t-elle soutenu. Par la suite, s'il y a des soins de santé, c'est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui va faire en sorte que des soins seront attribués. »

Ces propos ont fait réagir la coordonnatrice générale du Regroupement des aidants naturels du Québec, Mélanie Perroux : « Moi, je n'ai pas compris que ça allait être ça l'implication du gouvernement, a-t-elle dit. Ce que j'ai compris, c'est qu'ils allaient mettre de l'argent sur la table pour qu'elles se créent, et je pense que je ne suis pas la seule à avoir vu ça sous cet angle-là. » Mme Sainte-Marie a quant à elle réservé ses commentaires.

Sans jamais mentionner les engagements financiers de la CAQ, Mme Blais a invité les municipalités, organismes communautaires, donateurs et citoyens à former, avant toute chose, des partenariats entre eux. « Je pense que c'est important que les communautés s'investissent », a-t-elle insisté.

Le gouvernement ouvrira-t-il 20 maisons Gilles-Carle d'ici 10 ans, comme promis ? « Ce n'est pas au gouvernement, il faut que ce soit issu de la communauté, a poursuivi la ministre. Il y en a une qui est en train de se faire à Shawinigan, puis une autre qui est en train de se faire à Boucherville, donc ça s'en vient. »

Pas d'argent dans la mise à jour économique

En revanche, Mme Blais s'est engagée à déposer une première politique nationale sur les proches aidants en 2019, « peut-être début 2020 ».

Elle sera dotée d'un budget, a assuré la ministre, qui ignore toutefois combien elle obtiendra du président du Conseil du trésor, Christian Dubé, et du ministre des Finances, Éric Girard.

D'ailleurs, Marguerite Blais ne croit pas que les engagements de son parti en matière de proche aidance figurent dans la mise à jour économique automnale du ministre Girard. « Il va y avoir un budget en 2019, je pense que c'est peut-être plus réaliste », glisse-t-elle.

Selon la CAQ, 1,6 million de Québécois assument le rôle de proche aidant, certains sans même le savoir.

Le parti de François Legault s'est engagé à doubler leur crédit d'impôt jusqu'à concurrence de 2500 $ d'ici quatre ans, en plus d'injecter 22 millions dans le programme d'aide financière pour les parents d'enfants lourdement handicapés, et 15 millions par année pour reconduire le Fonds de soutien aux proches aidants, à partir de 2021.

La CAQ a aussi proposé la création d'un observatoire de la proche aidance, tel que recommandé par le Regroupement des aidants naturels du Québec.

Afin de préparer sa politique, Mme Blais pourrait tenir un forum aussi tôt qu'en décembre, à l'issue duquel le gouvernement pourra plus facilement définir ce qu'est un proche aidant.

Il est clair aux yeux de la ministre que le proche aidant n'est pas quelqu'un qui « vient visiter sa grand-mère une fois toutes les trois semaines ».

Par ailleurs, la députée de Prévost affirme qu'elle a déjà commencé à rencontrer des architectes pour la construction, d'ici quatre ans, d'une trentaine de maisons des aînés.

Les maisons des aînés imaginées par la CAQ sont de « petites unités de vie climatisées » accueillant un maximum de 70 à 130 personnes et comprenant des aires de circulation « sécuritaires et verdoyantes ».

Elles seraient des milieux de vie confortables pour les aînés, avec des repas adaptés et un nombre adéquat de préposés pour s'occuper d'eux.

Combien de personnes pourront bénéficier de ces maisons à court terme ? « Il y a 2600 places en attente pour un CHSLD, alors on veut essayer de commencer à construire des maisons pour combler des places », a indiqué Mme Blais.