Il n'y a pas de gel salarial pour les médecins spécialistes en ce moment, affirme le président du Conseil du trésor, Christian Dubé. Il dit avoir « besoin de bien comprendre l'entente » de rémunération avant de décider d'aller de l'avant ou non avec cette mesure que le premier ministre François Legault annonçait pourtant la semaine dernière.

M. Legault confirmait le 24 octobre, à la sortie d'une réunion du conseil des ministres et aux côtés de M. Dubé, un gel de rémunération pour les 10 000 spécialistes. « Il y avait des augmentations prévues qui vont être mises en fiducie. Donc, ça ne sera pas donné, à partir de maintenant », disait-il. Il veut renégocier l'entente intervenue plus tôt cette année entre la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et le gouvernement Couillard, estimant que les spécialistes sont trop payés.

La semaine dernière, la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, demandait des explications sur la sortie de M. Legault et déclarait à La Presse qu'il n'y a aucune augmentation de tarif au bénéfice des médecins jusqu'en 2023. La seule hausse tarifaire dans l'entente atteignait 5,2 % et a été accordée cet été, avant le déclenchement des élections, comme le prévoyait l'entente Québec-FMSQ, selon elle.

Le seul ajout à venir à l'enveloppe de rémunération - si l'on exclut le financement lié à l'arrivée de nouveaux médecins - se chiffre à 125 millions de dollars, ajoutait-elle. Soixante-cinq millions doivent servir à payer les chefs de département et d'autres fonctions médico-administratives des spécialistes. Et 60 millions sont destinés à un plan pour éviter les ruptures de services en région dans les spécialités de base (anesthésie, par exemple). Ces sommes devaient être versées au début de 2019.

Le gouvernement Legault s'expose à une poursuite judiciaire et à l'annulation de services en région en imposant un gel de rémunération, affirmait-elle.

M. Dubé a rencontré son équipe de négociation mardi, puis Dre Francoeur mercredi.

Après ces rencontres, il a ajusté le discours sur les intentions du gouvernement. « Avant de parler de gel ou quoi que ce soit, je le redis, on a besoin de bien comprendre l'entente », a-t-il affirmé mercredi à son arrivée à une réunion du conseil des ministres.

« En ce moment, il n'y a pas de gel parce qu'on veut comprendre qu'est-ce que c'est les chiffres qu'il y aurait à geler, si gel il y avait. »

Pour l'heure, « on est en période de compréhension de tous ces chiffres-là, parce que c'est quand même une entente assez complexe ». Il attend un retour de ses fonctionnaires concernant « certaines interrogations » qu'il a au sujet de l'entente. Il entend présenter une « stratégie au cours des prochaines semaines ».

Il a répondu aux journalistes que M. Legault ne s'est « pas du tout » avancé trop rapidement en parlant d'un gel il y a une semaine.

Christian Dubé dit avoir eu une « très bonne discussion » avec Diane Francoeur. Ils se sont entendus pour signer d'ici deux semaines un devis final permettant de réaliser l'étude comparative entre la rémunération des médecins spécialistes du Québec et celle de leurs collègues des autres provinces. La réalisation de cette étude sera devancée. Un rapport était attendu d'ici le 1er septembre 2019 seulement, selon l'entente Québec-FMSQ. Le premier ministre veut obtenir l'étude puis renégocier l'entente.

Lors de la campagne électorale, François Legault a indiqué qu'il veut réduire de 400 000 $ à 320 000 $ par année la rémunération d'un spécialiste. Il ambitionnait ainsi de récupérer un milliard de dollars. Les hausses de rémunération accordées dans le passé étaient disproportionnées, disait-il. François Legault réitérait la semaine dernière qu'il est « injuste et inacceptable » que les médecins spécialistes du Québec gagnent plus que ceux de l'Ontario alors que ce n'est pas le cas pour les autres professionnels, omnipraticiens et infirmières par exemple.