Les centaines d'arbres abattus par les violentes tempêtes de la fin du mois d'août ne sont pas seulement tombés sur des fils électriques.

Rodrigo Escalante, un touriste mexicain de 46 ans en séjour à Montréal, a vu sa vie tranquille être littéralement soufflée par ces orages. Grièvement blessé, endetté et démoralisé, il est hospitalisé depuis deux semaines à l'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.

Il a été heurté par une immense branche d'arbre, le 29 août dernier, lors d'une excursion à vélo dans l'ouest de l'île de Montréal. L'homme a subi de multiples fractures aux jambes et au dos, entre autres blessures.

Selon ses proches, M. Escalante n'est pas certain de pouvoir un jour recommencer à marcher.

C'était son quatrième séjour dans la région, où son meilleur ami réside. M. Escalante avait omis de se procurer une assurance voyage et devrait maintenant plus de 130 000 $ au réseau de la santé. Et il n'a pas l'argent pour assumer cette facture.

«Le vent s'est levé, et la pluie a commencé à tomber. J'ai pensé à m'abriter près d'une maison que j'avais vue, afin de me protéger de la foudre. Après ça, je ne me souviens de rien. Je ne me souviens de rien d'autre», affirme M. Escalante.

«Ils ne savent pas quand je serai capable de marcher, a-t-il continué, le désespoir se lisant sur son visage. La vérité, c'est que c'est difficile.»

M. Escalante n'est pas la seule victime des orages du 29 août. Sur le boulevard Rosemont, un homme a été heurté par une planche de bois emportée par le vent dans un immeuble en construction, avait indiqué le porte-parole d'Urgences-santé François Labelle. L'équipe tactique du service a dû être appelée.

À Saint-Léonard, un automobiliste prisonnier de son véhicule a été secouru, alors qu'au square Saint-Louis, «un homme a reçu une branche sur la tête».

Environnement Canada a confirmé qu'une tornade de force 2 avait frappé Chaudière-Appalaches ce jour-là, emportant une maison mobile. À Montréal, c'est le toit d'un immeuble d'appartements de Saint-Léonard qui a été soufflé.

Dans toute la province, 175 000 foyers ont été privés d'électricité.

«Avoir su, je ne serais jamais monté dans l'avion»

La soeur, le frère et un neveu de M. Escalante sont rapidement arrivés à Montréal après l'accident. Pablo Orozco, son meilleur ami installé à Montréal, demeure à son chevet depuis.

La jambe de Rodrigo Escalante est immobile, transpercée par une structure métallique. Sa main droite est connectée à des appareils médicaux par des cathéters.

«J'ai besoin d'aide, même si c'est juste pour aller à la toilette. On s'habitue à être autonome. Maintenant, je suis dépendant.»

Au Mexique, M. Escalante demeure à Cuernavaca, une ville à deux heures de route au sud de Mexico. Il travaillait dans le domaine de l'hôtellerie et de la restauration.

S'il revenait souvent au Québec, c'était pour pratiquer son activité préférée. «C'était un séjour pour faire de la bicyclette. J'adore le Canada», a-t-il dit.

Selon son ami installé au Québec, les routes sont trop dangereuses au Mexique pour pouvoir y rouler en toute sérénité. Le 29 août dernier, Rodrigo Escalante a appris à ses dépens que les accidents arrivaient aussi au Québec.

«Avoir su, je ne serais jamais monté dans l'avion», a-t-il dit de son lit d'hôpital.

Ana Escalante, la soeur du blessé, espère pouvoir le ramener au Mexique «le plus rapidement possible», a-t-elle expliqué à La Presse.

Mais un obstacle se dresse sur leur route : la facture de plus de 130 000 $ accumulée par le patient depuis le début de son hospitalisation. Et elle continue de croître.

Sur son site internet, l'hôpital du Sacré-Coeur souligne d'ailleurs que, pour les non-résidants du Québec, chaque jour d'hospitalisation aux soins intensifs coûte 11 019 $, en plus des soins prodigués par les médecins. M. Escalante y a passé une dizaine de jours.

Ses proches ont donc mis sur pied une page de collecte de fonds pour l'aider à payer cette facture. «En ce moment, nous ne pouvons pas faire grand-chose pour Rodrigo, à part prier pour lui et le supporter, ont-ils écrit. Chaque dollar l'aidera à payer ses soins.»