Le ministre Gaétan Barrette «multiplie les provocations, se campe sur ses positions et manifeste un mépris sans précédent envers les dentistes du Québec», affirme l'Association des chirurgiens dentistes du Québec (ACDQ). Le groupe demandera aujourd'hui au premier ministre Philippe Couillard d'écarter son ministre de la Santé des négociations qui se déroulent actuellement entre les dentistes et le gouvernement.

«Gaétan Barrette fait obstacle à un règlement ; il doit être retiré sans délai du dossier si l'on veut arriver à une entente négociée avant l'enclenchement des moyens de pression», écrit l'ACDQ dans un communiqué qui sera publié aujourd'hui.

La demande survient à neuf jours de l'ultimatum du 26 juillet, date à laquelle les dentistes menacent de quitter en bloc le régime public de soins dentaires. Une telle mesure toucherait 623 000 patients jugés «vulnérables», principalement les enfants de moins de 10 ans et les bénéficiaires de l'aide sociale, dont les frais dentaires sont couverts par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ).

L'entente qui détermine le remboursement des actes pratiqués par les dentistes sur les patients dont les frais sont assumés par le régime public est échue depuis trois ans. Les dentistes prétendent que les tarifs actuels ne reflètent plus leurs coûts réels.

En entrevue à La Presse, le président de l'ACDQ, Serge Langlois, affirme que le ministre Barrette a été retiré des négociations qui se sont déroulées avec plusieurs autres groupes, dont les médecins spécialistes, les omnipraticiens, les optométristes et les pharmaciens.

«Si ça a fonctionné pour ces quatre groupes, je pense que M. Couillard devrait s'organiser pour que ça fonctionne avec nous», dit le Dr Langlois.

Menace de quitter le régime public

Au début du mois, les dentistes ont fixé un ultimatum. Ils menacent de claquer la porte du régime de soins publics le 26 juillet si une nouvelle entente avec le gouvernement n'est pas signée d'ici là. Cela fera en sorte que les enfants de moins de 10 ans et les bénéficiaires de l'aide sociale devraient payer eux-mêmes leurs frais dentaires, sans possibilité de se faire rembourser par la RAMQ.

Au cabinet du ministre Barrette, on affirme toutefois qu'un arrêté ministériel sera signé afin d'empêcher les médecins de quitter le régime public et ainsi «assurer la couverture des services». Le Dr Serge Langlois laisse entendre qu'il pourrait contester cet arrêté ministériel et entamer d'autres moyens de pression.

«Il ne faudrait pas que le gouvernement s'imagine que les dentistes vont rester tranquilles pendant la période électorale.»

Vendredi dernier, les deux parties sont retournées à la table de négociation, mais l'exercice n'a entraîné aucun déblocage.

«Les représentants n'ont pas le moindre mandat et le gouvernement n'a aucune proposition à faire», dénonce l'Association des chirurgiens dentistes du Québec. «Il leur a été demandé de prioriser les demandes pour faire avancer les choses, ce que l'ACDQ a refusé. Nous sommes ouverts à négocier, mais la collaboration des deux parties est nécessaire», réplique Catherine W. Audet, attachée de presse du ministre Barrette.

En menaçant de se retirer du régime public, Serge Langlois dit être conscient de faire peser une menace sur une population vulnérable. «On est sensibles à ça. On fait tout pour ne pas arriver à ça», assure-t-il.