La FIQ dénonce un autre cas d'infirmière auxiliaire qui a été suspendue pendant 10 jours pour avoir dénoncé le manque de personnel dans le CHSLD où elle travaille.

L'infirmière auxiliaire avait écrit un message sur Facebook pour dénoncer le manque de personnel soignant au Foyer Père Guinard, un Centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) de Maniwaki, durant le congé de Pâques.

Après enquête, l'employeur l'avait suspendue sans salaire pendant 10 jours. Depuis, elle est revenue au travail.

Sur Facebook, elle avait écrit «au secours» en lettres majuscules, parlant d'une «situation qui se dégrade de plus en plus au Foyer Père-Guinard». Elle avait précisé que, cette journée-là, le 31 mars, il n'y avait «aucune présence infirmière dans le foyer et deux préposés aux bénéficiaires pour 33 patients».

«Dû au manque de personnel, plusieurs patients ont dû rester au lit pour manger leur repas, car pas assez de personnel pour subvenir aux besoins des patients», avait-elle écrit. «Une situation fâchante autant pour les patients, les familles et les employés.»

Elle indiquait avoir demandé du renfort, en vain. «La coordo a été avisée, mais elle n'a malheureusement pas pu nous aider! Et personne ne s'est déplacé pour venir nous aider.»

Syndicat

«Nous, on a trouvé ça énorme», 10 jours, a affirmé au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne, vendredi, Lyne Plante, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de l'Outaouais, rattaché à la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ).

«Ce ne sont pas des propos fulgurants contre l'employeur; elle défend même la coordonnatrice en disant j'ai fait appel à la coordonnatrice. C'était très respectueux», a justifié Mme Plante.

Le syndicat a déjà déposé un grief; celui-ci n'a pas encore été entendu. «C'est une atteinte à sa réputation, aussi. Nous, on a demandé des dommages et intérêts», a précisé Mme Plante.

Employeur

Jointe au téléphone, la direction du Foyer Père-Guinard a référé La Presse canadienne au CISSS (Centre intégré de santé et de services sociaux) de l'Outaouais.

Au CISSS de l'Outaouais, la responsable des relations avec les médias, Geneviève Côté, a indiqué que comme un grief avait été déposé, l'employeur était «extrêmement limité» dans ce qu'il pouvait dire.

«Oui, je confirme qu'on a effectivement suspendu cette infirmière auxiliaire-là sans salaire pendant 10 jours. Et c'est une décision qui a été prise après une enquête interne», a-t-elle souligné. Elle n'a pas pu donner des précisions sur le dossier de l'employée en question ni sur l'enquête.

La situation des soins de santé est particulièrement difficile en Outaouais. Il y avait eu un sit-in d'infirmières en 2017, au bloc opératoire de l'Hôpital de Hull, et le litige s'était retrouvé devant le Tribunal administratif du travail. Les deux parties avaient dû convenir d'une entente, pour calmer la grogne, et le Tribunal l'avait entérinée.