Les technologistes médicaux du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) dénoncent une récente décision de la direction de leur retirer la tâche de réaliser les prélèvements sanguins sur les patients hospitalisés dans les étages du site Glen et de l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Ils accusent le CUSM de vouloir faire des économies au détriment de la qualité des services offerts aux patients.

Cette décision n'a rien à voir avec des contraintes budgétaires et elle améliorera les services offerts aux patients, réplique le directeur clinico-administratif de la grappe d'Optilab du CUSM Enzo Caprio.

Depuis plus de 30 ans au CUSM, ce sont des technologistes médicaux qui effectuent les prises de sang dans les étages et les centres de prélèvements. «Avec la pénurie actuelle de technologistes médicaux, nos temps d'attente dans les centres de prélèvements sont actuellement inacceptables, explique M. Caprio. Les patients attendent parfois deux, trois, quatre heures pour leurs prises de sang. En rapatriant les technologistes dans les centres de prélèvements, on va améliorer les temps d'attente.»

Ainsi, la tâche de faire les prises de sang dans les étages sera confiée à des infirmières auxiliaires, dont le taux horaire est plus faible que celui des technologistes médicaux (1 $ de moins l'heure à l'embauche et jusqu'à 3 $ de moins l'heure au dernier échelon salarial), selon nos informations.

Risques d'erreurs

L'hiver dernier, près de 600 membres de la communauté du CUSM - des technologistes, mais aussi des infirmières, des médecins et des patients - ont envoyé une lettre à la direction pour dénoncer cette décision. La Presse a obtenu cette lettre. Selon les signataires, les risques d'erreurs de prélèvements et d'échantillons non conformes augmenteront et cela aura des répercussions sur le «fardeau de travail» des infirmières déjà «débordées» et ultimement sur les patients.

«Les technologistes médicaux affectés aux prélèvements sur les étages ne font que ça. Ils sont des experts en prise de sang, décrit Sandra Étienne, présidente de la branche locale de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Les patients, surtout les enfants, qui se font piquer tous les jours apprécient qu'on réussisse presque toujours du premier coup.»

Des technologistes interrogés qui ont requis l'anonymat par crainte de perdre leur poste sont catastrophés par cette décision de la direction.

«Dès 6h30, nous sommes sur les étages car les médecins attendent les résultats des prélèvements pour dicter les suites des traitements ou pour opérer le patient, raconte une technologiste qui travaille à l'Hôpital général pour enfants. Lorsque le patient a moins de 10 ans, on doit être deux - l'une pour immobiliser le patient et l'autre pour piquer. Comment les infirmières débordées vont-elles trouver le temps de faire ça en priorité - et d'être deux par patient en plus?»

Projet de centralisation

Les technologistes soupçonnent la direction de vouloir les «ramener dans le laboratoire» en raison du projet de centralisation des laboratoires du Québec - le projet Optilab - qui fait en sorte que les échantillons d'autres hôpitaux seront envoyés au CUSM. «C'est tellement contradictoire, alors qu'à l'automne 2016, la direction a supprimé près du quart des postes de technologistes médicaux dans le laboratoire central (19 sur 73)», dénonce Mme Étienne, de l'APTS.

Pour sa part, la présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardio-respiratoires du CUSM Sandra Seto affirme avoir obtenu l'engagement que la mesure n'ajoutera pas à la charge de travail des infirmières déjà en poste. «On nous a promis que le fardeau des infirmières sur les étages ne sera pas alourdi et qu'on embaucherait de nouvelles infirmières auxiliaires pour faire les prélèvements», explique Mme Seto.

Le directeur clinico-administratif de la grappe du CUSM d'Optilab, M. Caprio, assure que des postes d'infirmières auxiliaires consacrés aux prélèvements sanguins dans les étages seront créés. «Il n'y a pas de perte d'expertise, insiste M. Caprio, puisqu'une équipe sera dédiée à la tâche comme avant. C'est la composition de l'équipe qui change.»