Le nombre de surdoses mortelles liées aux opioïdes dans les neuf premiers mois de 2017 au Canada équivaut quasiment aux données pour l'ensemble de l'année 2016.

L'Agence de la santé publique du Canada a publié ces données brossant une sombre réalité, mardi, au nom du Comité consultatif fédéral-provincial-territorial spécial sur l'épidémie de surdoses d'opioïdes.

Il y a eu 2946 «morts apparemment liées à la consommation d'opioïdes» au Canada en 2016 et 2923 morts de janvier à septembre 2017, la vaste majorité de nature accidentelle.

De janvier à septembre 2017, le fentanyl et ses analogues étaient en cause dans 72 % des «décès accidentels apparemment liés aux opioïdes», comparativement à 55 % en 2016.

Les autorités ont identifié la Chine comme une source principale de l'entrée des opioïdes au Canada. Le gouvernement fédéral travaille de près avec les États-Unis et le Mexique dans ce dossier.

Plus de 42 000 personnes sont mortes de surdoses reliées aux opioïdes aux États-Unis en 2016. Le partage d'informations se ferait fréquemment entre des responsables à Washington et à Ottawa.

«Le dialogue est considérable depuis que l'enjeu a frappé nos deux pays», a soutenu James Walsh, vice-secrétaire adjoint au Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs, une organisation autonome du département d'État américain.

M. Walsh est à Ottawa cette semaine pour discuter de la crise des opioïdes avec ses homologues du Canada et d'autres pays du G7.

«Il s'agit d'un problème mondial. Ce que nous disons à nos collègues du G7 et à d'autres collègues à travers le monde est que, si vous ne constatez pas cela aujourd'hui, c'est un nouveau paradigme, alors vous devez être préparés», a-t-il indiqué, mardi, en entrevue.

«Nous nous devons de crier sur les toits qu'il s'agit de quelque chose que vous ne souhaitez pas voir dans vos quartiers infecter vos citoyens», a ajouté M. Walsh.

Le fentanyl représente un défi, car même une petite quantité peut être mortelle et elle peut être envoyée par la poste - suscitant des efforts des États-Unis et du Canada pour intercepter de tels colis.

La Gendarmerie royale du Canada a travaillé de concert avec le ministère chinois de la Sécurité d'État pour s'attaquer à l'entrée d'opioïdes synthétiques au Canada, appuyée par la reconduite d'un protocole entre les agences luttant contre la criminalité.

Le Canada a affirmé que le gouvernement chinois adoptait à répétition une position officielle ferme contre le trafic de drogues illicites et soutenait la coopération internationale pour perturber les activités criminelles.

M. Walsh a affirmé que les responsables devaient s'attaquer de front aux drogues «synthétiques provenant de la Chine», tout en ayant lui aussi un discours positif à l'égard des efforts diplomatiques avec la Chine.

«Ils peuvent en faire plus, mais ça progresse», a-t-il soutenu.

La Colombie-Britannique demeure en 2017 la province la plus touchée.

Les données préliminaires de la Colombie-Britannique - concernant pour cette province les morts liées à la consommation de toutes les drogues illicites, et non limitées aux opioïdes - pour les neuf premiers mois de l'an dernier font état de 1076 surdoses mortelles.

L'Ontario se situe au deuxième rang, avec 829 décès accidentels apparemment liés à la consommation d'opioïdes, suivi de l'Alberta, avec 522 décès.

Les données pour le Québec ne permettent pas de brosser un comparatif fiable entre 2016 et 2017. Il y aurait eu 93 décès liés à la consommation de toutes les drogues illicites de juillet à septembre 2017. Les données de janvier à juin n'étaient pas disponibles.

Au Nouveau-Brunswick, il y aurait eu 25 décès accidentels apparemment liés à la consommation d'opioïdes de janvier à septembre 2017, comparativement à 26 pour l'ensemble de 2016.

En Nouvelle-Écosse, il y aurait eu 45 décès accidentels apparemment liés à la consommation d'opioïdes de janvier à septembre 2017, comparativement à 40 pour l'ensemble de 2016.