Le tout premier colloque sur le trouble d'accumulation compulsive (TAC) s'est tenu hier à Montréal. Près de 350 professionnels de la santé et des milieux municipal et communautaire se sont réunis pour trouver des solutions communes afin de venir en aide aux personnes atteintes par ce trouble encore méconnu, qui touche pourtant 1,4 million de Canadiens.

Mitsou Lefebvre-Lafrance fait partie des 320 000 Québécois atteints d'un trouble d'accumulation compulsive, maladie mentale qui frappe deux fois plus que la bipolarité et quatre fois plus que la schizophrénie. Mais grâce au soutien qu'elle a reçu au sein d'un groupe de parole et à une thérapie, elle considère, à 43 ans, qu'elle maîtrise sa difficulté à jeter certains objets ou à s'en séparer, indépendamment de leur valeur réelle. En 2012, elle a même créé le tout premier groupe de parole francophone pour venir en aide à son tour aux personnes atteintes de TAC.

COMPRENDRE LA SITUATION

« Après le décès de ma mère, j'ai gardé toutes ses choses et j'ai accumulé pendant des années. Quand je consultais, j'abordais ma dépression, mon anxiété. J'arrivais toujours bien mise. J'étais dans la mi-trentaine quand j'ai dû quitter mon domicile pour un plus petit appartement. J'ai alors réalisé que j'avais beaucoup de choses, mais je ne comprenais pas pourquoi je ne voulais pas m'en départir », se souvient Mitsou Lefebvre-Lafrance.

C'est finalement en regardant une émission de télévision consacrée aux personnes atteintes de TAC qu'elle a commencé à comprendre la situation. « Je m'en sors tranquillement. Ce n'est pas parfait, mais ça va mieux. Avec ce colloque, on veut redonner espoir, dire qu'on peut faire quelque chose avec les personnes impliquées dans le processus », confie Mitsou Lefebvre-Lafrance à La Presse à propos de l'évènement organisé de concert avec les CIUSSS du Centre-Sud-de-l'île-de-Montréal, de l'Est-de-l'île-de-Montréal et du Nord-de-l'île-de-Montréal, la Ville de Montréal et le Réseau alternatif et communautaire des organismes en santé mentale de l'île de Montréal.

REGROUPER L'AIDE

La méconnaissance du grand public est en grande partie attribuable au fait que c'est seulement en 2013 que le TAC a été défini comme un trouble de santé mentale. « Il faut également savoir que les gens ne vont pas forcement consulter, sauf dans l'urgence, quand l'expulsion est demandée alors que le comité de logement contacte le CLSC », précise Natalia Koszegi, psychologue et coordonnatrice clinique au Centre d'études sur les troubles obsessionnels compulsifs et les tics.

La Dre Koszegi souligne ainsi l'importance de coordonner les divers intervenants, que ce soit la police, les pompiers ou les professionnels du réseau communautaire. « On voudrait que toutes ces personnes travaillent ensemble au lieu d'agir en silo. C'est pour ça qu'on les a rassemblées pour trouver des solutions communes. », explique-t-elle.

Lors de ce premier colloque québécois sur le TAC, les 350 participants ont ainsi pu suivre cinq ateliers sur les thèmes de la famille et des proches ; l'encombrement des logements ; l'accompagnement des personnes accumulatrices ; la responsabilité du réseau de santé et la recherche sur le TAC.